Le silence des églises

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7 Réponses à “Le silence des églises”


  • Joëlle di SANGRO

    Profondeur d’un poème qui n’a d’égale que l’élévation des voûtes…

    Dans la lumière.

  • « C’est la pierre sans tache et la pierre sans faute,
    « La plus haute oraison qu’on ait jamais portée.
    …/… Charles Péguy
    Belle perspective, Monique, belle photo de cette nef latérale de la cathédrale de Chartres, en parfaite harmonie avec les mots du poète.
    Une photo intimement, subtilement dédicacée, et on s’interroge : quelle différence entre souvenir et réminiscence, quel plus la réminiscence apporte-t-elle au souvenir ? Réminiscence, comme superlatif de souvenir, un re-souvenir, mais pas seulement. La réminiscence introduirait une notion plus philosophique « le renouvellement d’une idée presque effacée » dit Alain Ray.
    Isabelle, qui a su (voulu) utiliser les deux mots, (les opposer ?)a certainement un avis éclairé sur la question. Gérard pourrait aussi, s’il en a le temps, développer plus et mieux que moi le sujet.
    Félicitations aux deux co-auteures.

  • Merci, Pierre, de vous être penché sur ce quatrain.
    Pour moi, la réminiscence est quelque chose de plus floue, de moins précis, de moins concret. Mais aussi, une réminiscence n’a-t-elle pas en elle une notion de temps ? Alors qu’un souvenir est en quelque sorte à l’échelle humaine, la réminiscence n’est-elle pas à l’échelle universelle ? A la réflexion, je regrette de n’avoir pas écrit : « Bien plus qu’un souvenir, une réminiscence », car cela induirait une notion d’intemporalité et d’éternité de l’amour dont il est ici question.
    Voilà un bel exemple d’échanges sur un poème. Le ressenti et l’avis d’un autre poète, gentiment et élégamment énoncés, amènent l’auteur à réfléchir sur ce qu’il a écrit et, pourquoi pas, à changer un mot. Personnellement, j’aime beaucoup ce genre d’interrogations qui prouvent que le lecteur a vraiment lu.

  • Et l’aspect le plus insolite de l’histoire, Isabelle, c’est que j’ai cru lire : « bien plus qu’un souvenir » et non « bien moins ». Faut-il penser que l’intensité du quatrain induisait ce « plus » ? C’est en relisant le tout que je me suis aperçu de mon erreur. Curieux, non ?

  • Il y a plusieurs jours que j’avais envie de proposer un commentaire sur cette oeuvre « à deux têtes ».C’est vrai que je me bats avec le temps depuis pas mal d’années. Mais l’accumulation de soucis de santé avec un traitement incontournable qui me dévitalise en rajoute (ou plutôt en soustrait). Dans l’attente d’un mieux mes interventions sur le blog qui se faisaient généralement en soirée avancée, le jour étant pris par d’autres occupations, se font plus rares, et j’ignore pour combien de temps cette réduction de mes capacités va durer. Mais Pierre me redonne un petit coup d’aiguillon pour me ramener à ce que j’avais envie de dire sur cette oeuvre.
    En premier lieu, commençant à connaître un peu les expressions picturales de Monique, je pensais qu’il s’agissait d’une peinture, car il s’en dégage quelque chose de particulier que souvent seul un dessin peut rendre, dans la construction perspective comme dans l’ambiance générale des tons. Alors, Monique, est-ce une photo ?
    Si oui, elle est prise par l’oeil du peintre Nous connaissons pour la plupart de mystère du photographe qui « met son regard » dans la photo. Voilà pour l’aspect pictural avec, pour moi qui suis un amoureux des cathédrales et de leurs modes et histoires de construction, une sensation de propulsion en avant en en hauteur, sur une pente douce, mais irréversible.

    Isabelle, pourquoi regretter ce que tu as écrit, car justement, le couple souvenir réminiscence est dynamique et nul des deux réalités ne l’emporte sur l’autre. Je n’y vois ni moins pour l’un ni plus pour l’autre.
    Chez les philosophes de l’antiquité, Socrate voyait dans le phénomène vécu de la réminiscence, la preuve de l’existence d’une vie antérieure de notre âme dans un milieu intelligible. C’est un grand mystère que ce lien subtil entre les deux réalités du souvenir, réalité quasi biologique et celle de la réminiscence, réalité qui appelle une dimension de transcendance. Elles ne semblent pas appartenir au même monde et pourtant dansent ensemble. Les légendes et traditions orales peuvent nous faire réfléchir. Q’en est-il de cet ange qui, juste avant notre naissance, nous a mis avec bienveillance ses mains devant les yeux afin que nous ne souvenions pas de ce que nous avions vu, mais que nous en conservions tout de même la réminiscence pour pouvoir construire le monde dans la dimension de liberté que nous lègue le Créateur ?.
    Alors, Isabelle, relis maintenant ce que tu as écrit, et regarde si cela est neutre, indifférent, mal posé ou au contraire bien significatif !

    Pour retourner à ll poésie dans une dimension plus profane, il me vient pour illustrer le propos, deux vers de Beaudelaire, pris dans des poèmes différents, et que tout le monde reconnaîtra au passage:
    « J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans… »

    « J’ai longtemps habité sous de vastes portiques… »

    Est-ce un hasard si ce dernier vers est tiré du poème intitulé « la vie antérieure » ?
    Ici Baudelaire se permet de donner chair à la réminiscence, qui demeure habituellement dans un univers flou. Mais il termine tout de même par le « douloureux secret qui le faisait languir »
    C’est quoi ce secret ?
    Lorsque j’étais enfant, j’avais alors cinq ans juste avant la disparition de ma grand-mère maternelle, la brave femme me disait en passant devant le domicile de la sage-femme « c’est là que tu es né ». Et je m’entends encore lui demander « mais, dis, Mimi, avant, j’étais où ? »

    En traversant la lueur d’un cierge sous la voûte lancée par les hommes de foi pour rejoindre un regard, de ce regard recevoir (et accepter !) un message, et par ce message se relier à ce qui qui donne toute sa force mystérieuse et justement impalpable « bien moins qu’un souvenir ». Cela a du sens !

  • Il s’agit bien d’une photo, mais c’est sûr que Monique a l’oeil du peintre quand elle photographie.
    Regretter ce que j’ai écrit n’est pas vraiment exact et en aucun cas renier. Mais j’aime bien l’idée d’avoir envie de changer un mot suite au commentaire d’un autre poète. Mes poèmes ne sont pas intouchables, tout simplement.

  • Bien sûr Isabelle, rien sur terre n’est intouchable. Mais rien n’est neutre non plus. Tu exprimais bien un regret si je te relis. Entre le désir de tenir compte des observations qui peuvent nous faire bouger, et ce qui en nous demeure comme un roc, parce que c’est une émanation de l’ëtre dans un présent significatif, la corde est tendue !
    Mon propos se voulait un peu ouvert sur le sujet de la réminiscence., car c’est tout de même un sujet qui pose question..

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