Je suis perdue dans mes soucis
Alors la Poésie
dont les cheveux sont dénoués sur les épaules
comme un grand châle
me dit
Viens Je t’emmène
Sa paume contre la mienne
nous traversons la Ville
Et quand nous avons dépassé
la boulangerie la mairie
les jardins clos
des dernières maisons
un rayon d’or bleu
s’allume
au bord
de mes yeux
Ce grain de terre
cette goutte de nuage
cette aile balbutiante
dans le feuillage
l’eau constellée
de cailloux
les bracelets
de la brise
Je m’étonne
de Rien-et-de-Tout
Je te l’avais bien dit
chantonne mon amie
Nous nous promenons tard
Soudain sonne
l’heure brune
du carillon
Il faut rentrer à la Ville
par temps de lune
La Poésie se hâte et disparaît
au bout de mon souffle
Mais son pied sautille encore
dans mon coeur
et je réchauffe dans ma main
l’étoile de sa paume
Quand j’ouvre la porte du couloir
je n’éprouve point le désir
d’être accueillie
par la lampe principale
car une ombre claire
enveloppe
mes épaules
comme un grand châle