Ton stylo sombre censeur
a dépouillé mes pages
Mes erreurs ont été corrigées
mes lettres redressées
mes accents rétablis
mes secrets sondés
mes souffles mesurés
mes douleurs relativisées
mes désirs maîtrisés
mes joies atténuées
Toute mon existence
a été ponctuée scandée martelée
par ta légitime surveillance
En exigeant
mon succès
en voulant
rendre mon écriture
belle comme il se doit
tu l’as considérablement
affaiblie
Mes mots sont de vaines
étoiles qui fuient
le doux pays
de la poésie
J’ai rangé les rêves
de mon coeur
dans les tiroirs gris
des vieux silences
Et je déménage
de page en page
Hélas
ton stylo noir
très perspicace
jadis
ignore
combien cela me gêne
d’écrire ma vie
aussi exilée
de moi-même
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