Cette forme fixe est venue d’Italie au XVIème siècle. Elle connut immédiatement
un immense succès.
Il est formé de 14 vers répartis en deux quatrains à rimes embrassées et deux tercets.
Deux formes sont correctes :
- abba abba ccd eed dite italienne,
- abba abba ccd ede dite régulière ou française.
Les quatrains doivent être de composition identique.
Au début, le sonnet était composé en vers décasyllabiques puis en alexandrins.
Il n’admet ni médiocrité, ni négligence et le dernier vers doit en être le fleuron.
Pour les rimes, il est recommandé de respecter les consonnes d’appui, comme l’absence d’écho est conseillé, avec au pire une seule tolérance, à condition qu’elle
n’affecte pas l’oreille et ne trouble pas l’harmonie et la sonorité de l’ensemble.
Ainsi les sixièmes pieds de chaque vers ne doivent pas rimer entre eux comme
avec les rimes finales de chacun.
Bien entendu, l’imagination des poètes a permis la formation de nouvelles fixes
du sonnet ou avatars (régulier négligé, estrambot, alterné, renversé, polaire, layé,
irrégulier, apparent, élisabéthain, quinzain, seizain et à codas) qui peuvent faire
l’objet d’une autre étude. Pour ces derniers, les règles citées plus haut sont
applicables.
Voici un sonnet de Pierre Montréal cité en exemple dans le livre de Jean-Claude
De Michieli intitulé : Les Arcanes Du Vers Ou Le Voyage En Prosodie :
LES TREFLES DU BONHEUR
Il suffirait d’un rien, sans doute d’une rose
Et d’un vil écu d’or offert au vagabond
Avec beaucoup d’égard, sans être pudibond,
Pour qu’un nouvel ami devînt bien douce chose.
Je le vois se blottir devant ma porte close
Une nuit de Noël, haineux ou moribond
Au bord du désespoir qu’il peut franchir d’un bond
Vers le monde à l’étroit de la métamorphose…
Il faut qu’il ait reçu d’un vieux samaritain
La moitié d’un manteau, comme fit Saint-Martin
Envers un pauvre diable, en couvrant sa détresse.
Peut-être, maintenant, vit-il en grand seigneur,
Tandis que, solitaire accablé de tendresse,
Je cherche dans les prés les trèfles du bonheur…