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Archive mensuelle de janvier 2011
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Je suis partie, je suis absente
J’ai pris la clé des champs
Veuillez m’écrire poste restante
Dorénavant
Sans même prendre un petit sac
Sans un regard derrière moi
J’ai pris mes cliques et mes claques
C’est mon choix
Amis, j’ai pris la tangente
Et j’ai fui comme un brigand
Veuillez m’écrire poste restante
Dorénavant
J’ai libéré le canari
Et j’ai caressé mes chats
Une dernière fois, je t’ai souri
Et voilà
Je n’ai pas regardé la carte
Je suis partie bille en tête
J’ai marché, marché sur l’asphalte
Comm’ une bête
A mon tour, je suis émigrante
Où je vais, nul ne m’attend
Veuillez m’écrire poste restante
Dorénavant.
Passant les fêtes de Noël en Provence, nous étions en voiture accompagnés par les deux aînés de nos petits enfants.
Mattéo et Appoline ont, au début, fait preuve d’enthousiasme et les kilomètres défilaient gaiement mais, au fil des heures, cela devint un peu plus difficile malgré les arrêts nécessaires.
Au bout d’un long moment de silence plein d’ennui, j’entendis la petite voix d’Appoline me déclarer :
—J’ai mal au ventre !
Inquiète, j’ai répondu vivement :
—As-tu très mal ?
Et la petite de me dire :
—Oui, un peu ! tout le monde a eu mal au ventre à la maison ! Et Mattéo de renchérir :
—On a mangé de la raclette ! Appoline terminant par :
—On a fait du caca tout mou !
Amusée par le « terme », j’ai décidé d’animer le voyage et dit aux enfants :
—On va trouver des phrases pour en faire une chanson !Et j’ai commencé :
— « Un jour on a mangé chez-nous » et dit aux petits :
Trouvez la suite les enfants ! et, les aidant un peu :
—« une raclette en pâte à choux » Allez ! on cherche des mots en « ou » !
—« Qui nous a laissés sur les g’noux » ! Allez ! Ensuite les enfants !
—« Et des toilettes en voyait l’trou ! »
—« On s’était pas marré du tout» !
—« Et depuis j’ai le ventre mou » ! Termina Appoline en riant.
Nous avons ensuite passé un long moment à chercher un air pour mettre la »chanson » en musique, (ce qui nous a occupé un bon moment) puis nous avons répété et, le soir venu, nous avons (par précaution) attendu la fin du repas pour, en chœur, chanter « notre chanson » à la famille réunie, dans un bel éclat de rire.
Mais ce qui m’a ravie, ce fut d’entendre mes deux petits me dire :
—Mamie ! c’est trop marrant quand les phases finissent toujours par le même mot !
Sans doute voulaient-ils dire :
—« Par le même son », mais je leur expliquerai plus tard que cela s’appelle des rimes et suis heureuse de leur en avoir donné le goût.
Aujourd’hui a été publié le dernier poème sur le thème “Le départ”. 8 adhérents ont participé à ce thème.
Dès demain et jusqu’au 31 janvier, nous aurons des oeuvres hors thème.
Ceux qui le souhaitent peuvent d’ores et déjà m’envoyer leurs oeuvres pour le thème de février consacré à la tristesse.
Sablier de nos instants dispersés,
Le dernier appel sonne le glas
Et la mer se retire.
Avec elle, notre sève de vie
Lorsque tu t’enfonces
Dans le silence des eaux meurtrières.
Recroquevillée sur la grève,
J’écoute les salves désespérées
De l’écho bientôt disparu.
Frénésie de pleurs nouée à mon corps.
Le temps que tu voulais retenir
S’est caché dans sa coquille ;
Il ne reste qu’un trou béant
Où grince le moulin de nos ailes brisées
A l’origine, l’étude de la métrique était commune à la poésie et à la musique, ce qui ne surprend pas, car l’objectif du respect de la métrique dans la versification demeure encore aujourd’hui bien lié à une notion de rythme et de musique.
Dans les langues modernes d’origine latine, ce qui est le cas de la nôtre, la pratique de la métrique est très simple, car elle se borne à compter les syllabes sans s’occuper comme dans les langues antiques des quantités à accorder à certaines syllabes en fonction des accents.
Ouf, on l’a échappé belle !
Donc, constat (1) : une syllabe égal un pied. Rien de plus simple.
Un / jour/, ma/ sœur/ vien/dra/
Six pieds. Oui, rien de plus simple !
Mais si je dis :
« Un jour, mon prince viendra »
A la prononciation ordinaire, on trouve aussi six pieds, en « avalant » le e muet de prince qui se trouve ainsi réduit à une syllabe. Mais en fait prince compte bien deux syllabes, la preuve :
Le/ prin/ce/ dont /je/ rêve …il y a bien 6 pieds !
Mais au fait, pourquoi pas 7 ? Rêve compte bien aussi deux syllabes ? Et non, en fin de vers, le e muet ne se prononce pas !
Donc constat (2) : En fin de vers, le e muet ne se prononce pas et la syllabe qui le contient ne compte plus pour un pied
Il/ est/ vrai/ment/ char/mant/, le/ prin/ce/ dont/ je/ rêv’(e) = 12 pieds
Alors que fait on de nos e muets lorsqu’ils ne sont pas en fin de vers ?
La règle qui permet d’intégrer cette réalité consiste à éviter de placer dans un vers un e muet devant une consonne, c’est-à-dire que le e muet devra être suivi d’une voyelle avec laquelle il va se fondre en un son unique, un e ou un é en poésie classique pure. Ce phénomène est nommé Synérèse (ou contraction).
Donc recommandation ( 3) : En cours de vers il est recommandé de ne pas placer de mot finissant par une voyelle muette devant un mot commençant par une consonne : exemple :
Un/ jour/ mon/ prin/c(e) vien/dra em/me/ner son aim/ée = A EVITER (cas d’intention d’un vers de 12 pieds qui en fait en compte treize !)
En revanche, je peux placer un mot finissant par un e muet devant un mot commençant par un e ou un é (ou le son é, comme ai).
Pour reprendre le même exemple, je peux écrire « un/ jour/ mon/ princ/ (e) em/me/na son ai/mée ». Il y a bien séparément deux syllabes à prince et trois à emmena. Mais quand on rassemble les deux, on obtient pas cinq, mais quatre pieds ! Donc encore douze au total. Il y a fusion entre le e muet de prince et le e de emmena. Encore une synérèse (ou contraction).
Donc recommandation (4) : Il est recommandé de placer en cours de vers un mot finissant par un e muet devant un mot commençant par un e ou é
Toutefois, la fusion de deux voyelles dont l’une est différente du e ou du é peut être admise sauf si cette fusion des voyelles provoque un effet sonore disgracieux, ou hiatus. Exemple :
Un/ jour/ le/ princ/(e) ins/pir/(e) /un poèm/(e) à/ sa/ bell(e) = 12 pieds
La métrique est correcte et nous avons donc bien 12 pieds avec 3 synérèses et un e muet en fin de vers, mais le choc de deux sons semblables le « ince » de prince et le « ins » de inspire n’est pas du plus bel effet.
Donc recommandation (5) : Il est recommandé d’éviter le choc de sons disgracieux dans les synérèses et notamment la répétition du même son sur le lieu de la contraction
Pour clore ce chapitre, il faut considérer que le « e muet », n’est pas une voyelle ordinaire. Car dans tous les autres cas, le choc entre voyelles (finissant un mot bien entendu, car à l’intérieur des mots il existe des hiatus que personne ne songerait à contester) en cours de vers provoque ce que l’on nomme un hiatus, normalement interdit en versification classique à l’époque de Boileau, et le demeurant jusqu’à preuve de l’heureux effet poétique dudit hiatus.
Donc recommandation (6) : Il est recommandé de ne pas se faire succéder en cours de vers deux mots finissant pour le premier et commençant pour le second, par une voyelle (à distinguer d’une diphtongue), c’est-à-dire, le e muet excepté, par a, i, o et u.
Je peux dire par exemple « j’irai où l’on m’appelle » (6 pieds)
Car « où » est une diphtongue bien qu’elle finisse par la voyelle u,
et non pas « j’irai à la plage » car le son «ai » de « j’irai » est assimilable à la voyelle é qui s’entrechoque avec la voyelle à.
Toutefois, j’ajoute que la forme classique « pure » interdit quant à elle tout choc de voyelles, même si elles sont intégrées dans une diphtongue, et que l’exemple de « j’irai où » peut être critiqué dans certaines « écoles ». Toutefois comme ce respect inconditionnel peut interdire aussi certains effets heureux, il reste à chacun de discerner s’il doit aller au bout de la logique d’évitement absolu de choc de voyelles, fussent-elles intégrées dans une diphtongue, ou s’il se permet de demeurer exceptionnellement en bordure de cette règle pour enrichir son texte avec un effet heureux. Tout est alors dans l’oreille.
Tout cela peut paraître bien compliqué. Pourtant, à la lecture, avec notre prononciation contemporaine (on va prendre pour référence celle de l’Ile de France pour ne pas entrer dans les particularismes), il faut reconnaître que l’oreille est plus intelligente que nos raisonnements. Encore faut-il en prendre conscience. Une langue, c’est un édifice, avec toute la richesse de son architecture.
Donc recommandation (7) déjà dite et rabâchée sur le blog : Il est fortement recommandé de relire les poèmes à voix haute, et de les faire lire également à voix haute par une tierce personne.
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Le piège : les hiatus nous les repérons rarement lorsque nous écrivons ! Plus traîtres ! Ils s’entendent souvent quand nous lisons, mais plus souvent encore lorsque d’autres les lisent !
Eviter les hiatus est un art plus difficile que de compter les pieds et le premier l’emporte souvent sur le second dans la composition
Petit lexique :
E muet : e qui ne se prononce pas à la fin d’un mot (pas de son e). En revanche le é se prononce toujours car il est accentué, et le e qui le suit au féminin demeure muet.
Pied : syllabe, ou ensemble de lettres qui se prononcent en un son unique
Hiatus : Choc disgracieux entre la voyelle ou la diphtongue qui termine un mot et la voyelle ou diphtongue qui commence le mot suivant.
Exemple : Où j’irai, il ira (choc entre la diphtongue ai et le i de ira)
Toutefois cette règle ne s’applique pas en fin de vers
Exemple :« Partout sur les chemins où je sais qu’il ira
Il y verra mon ombre étendue à ses pieds.
Diphtongue : Ensemble de voyelles qui se prononcent en un son unique (exemples : ou, oi, ieu, etc)
Diérèse (synonyme élision) : Au niveau de la prononciation, dissociation d’une diphtongue en deux syllabes. Exemple si/lenci/eux qui se prononce en trois pieds en dissociant la diphtongue ieu après le i.
En revanche, en poésie classique cieux, qui relève de la même logique, se prononce en une seule syllabe. Mais ce sont là des subtilités dues à des usages qu’il ne me paraît pas vraiment fautif de ne pas reconnaître si la beauté de la poésie y trouve son compte.
Synérèse : ou contraire de la diérèse. Il s’agit de la fusion de deux voyelles contiguës, soit dans le langage ordinaire à l’intérieur d’un mot (exemple le mot lier du verbe lier où on obtient le son ié), soit, en poésie classique, entre la fin d’un mot et le début du suivant au cours d’un vers, et c’est certainement le domaine le plus délicat sur lequel il y aura encore à dire, car il renvoie inévitablement au hiatus.
En poésie classique de pure forme, nous n’avons en ce domaine que les synérèses entre le e muet finissant un mot (et même pas la diphtongue) et le e ou le e accentué du mot suivant.
Je pourrais dire :
« Un / bai/ser /sur/ la /jou/e é/vei/llera/ mon/ princ’ (e) »
Mais en poésie classique pure le e muet de joue est intégré dans une diphtongue à prononciation « ou » et non pas e muet, bien que le e demeure muet dans la diphtongue.
« On / se/ promèn/e en/sem/bl/e en/ par/lant/ d’a/ve/nir »
Noues avons ici une succession de deux synérèses sur des mots dont l’un finit par un e muet et le suivant commence par une diphtongue générée par un e.
Mais encore une fois, tout cela a l’air plus compliqué que dans la pratique, car la poésie est avant tout musicale. Les règles nous aident à comprendre les raisons de certaines difficultés, mais elles sont avant tout au service de notre intelligence de la poésie qui nous est particulière à chacun.
Gérard Dalstein
Pourquoi le mot « départ » fait-il autant pleurer
Alors qu’il porte en lui tout ce que l’espérance
Avait su conserver avec tant d’assurance
Sans la moindre raison d’aller s’en séparer ?
Lui qui met en pratique, au lieu d’en délirer,
Le rêve de la vie avant même l’enfance
Lorsque l’éternité bouillonnait d’impatience
En faisant que le temps puisse s’en emparer…
… Et plus tard s’imposer dans le cerveau de l’Homme
Comme un ver qui déconne en sortant de sa pomme
Et se faisant happer d’un coup sec par un bec !
Mais s’il avait compris que ce qui court-circuite
Se voit toujours voué au plus cuisant échec,
Il n’aurait pris la fuite s’il eût connu la suite !
Remonter le temps avec une manivelle
Et s’arrêter là où commencent les regrets
Rejoindre la terre au point originel
Et contempler béat, son être qui renaît
Au mitant de la nuit, suspendre une échelle
Compter sur les astres et se laisser guider
Se souvenir des notes d’un doux violoncelle
Célébrer sans faste, la fin d’un long été
Il se peut qu’un jour, de loin on nous appelle
Et que le vent qui file transforme nos noms
Regardant la terre, nous dirons qu’elles est belle
Partir est facile, mais tout seuls nous marchons.
Il lui fallut partir…
Alors, il a tiré sa révérence ;
ça lui a tiré les larmes :
il a tiré le mouchoir de sa poche,
essuyé son visage défait, tiré.
Le temps des geignements s’étire
puis tire à sa fin.
Il tire un trait sur l’amitié,
retire sa peine comme une épine
quand il sait trouver une suite par la lumière de la vie…
La brise est moins douce aujourd’hui. Une nuée d’oiseaux blancs traverse le ciel. La mer monte; bientôt disparaîtra le dernier château de l’enfance.
Autour des tables, les voix se font rares et les pensées plus profondes; un nuage passe dans la lumière et c’est comme si le souffle d’une lampe vacillait.
Le soir, au bar, je verrai crépiter l’éclat du vin et je chercherai très loin le souvenir de ton rire.
Ton rire? Il s’en est allé avec cette valise que j’ai vue dans le hall, ce matin…
Tu remontais alors dans ta chambre pour prendre ton foulard fleuri oublié sur le fauteuil…
Pendant ma promenade, je salue des visages sans les reconnaître.
Mais mon coeur a sursauté tout à l’heure:
Trois gouttes marines
dans mon col de laine.
Seraient-ce des larmes
mêlées de baisers
que tu m’envoies?
Je me surprends à y croire…
et à aimer ce mal
qui nous sépare.
Rappelons que pour qu’il y ait rime, il faut que tout ce qui suit la dernière voyelle soit identique.
“bise” et “dire” par exemple ne sont pas des rimes mais des assonances.
“bise” et “mise” sont des rimes suffisantes puisque ce qui suit le i est identique.
“chemise” et “mise” sont des rimes riches puisqu’en plus de la rime, la consonne d’appui, c’est-à-dire celle qui précède la dernière voyelle, est également identique.
Les mots d’une seule syllabe sont admis comme étant des rimes. Ainsi “feu” et “bleu”, que l’on pourrait prendre pour des assonances puisque seul le “eu” leur est commun, sont malgré tout considérés comme des rimes, à utiliser de préférence dans des vers qui se suivent deux à deux (rimes plates ou suivies)
Les rimes riches sont recommandées dans les vers à rimes croisées (Féminine/masculine/féminine/masculine) et encore davantage dans les rimes embrassées dans le 1er et le 4e vers du fait de leur éloignement (Féminine/masculine/masculine/féminine).
A signaler par ailleurs que quatre vers sur deux rimes plates ne forment pas une strophe. C’est-à-dire que les rimes plates ou suivies sont surtout dans les grands poèmes sans strophe ou dans les tragédies et comédies classiques.
Enfin, il est important que l’alternance masculine/féminine soit respectée, c’est-à-dire que si le 4e vers d’une strophe se termine sur une rime masculine, le 1er vers de la strophe suivante se terminera obligatoirement sur une rime féminine, et vice versa.
Isabelle Chalumeau
Pascal vous invite au vernissage de son exposition photographique le vendredi 14 janvier à 18h.
Lieu: Médiathèque de Maizières les Metz (dans la rue principale, possibilité de se garer en face au parking du Lidl).
Thème de l’expo: La neige.
Bonne année à tous!
Il allongeait son souffle court
Pour arriver à l’excellence
Et conjurer ce mal si lourd
Qui obstruait son existence.
Il combattait avec puissance
Un manque d’air inéluctable
Lançait loin sa persévérance
D’une voix cristal indéniable.
Il a brisé
la résistance
Et ses bronchioles obstruées
Ont abdiqué à sa vaillance,
Pour diffuser la pureté.
Angelot héroïque
Tes grands yeux clairs ont fait de toi
L’exemple du courage vrai
Et ta vie courte t’a comblé
Elle en vaut dix, laisse sans voix.
(de qui s’agit-il dans ce poème ?)
Ces derniers jours passés dans l’ombre et la souffrance,
À surveiller ton souffle au rythme de ma peur
Ont habillé le temps d’un voile de stupeur
Que la mort a levé pour notre délivrance.
Tu n’as longtemps montré que de l’indifférence
Face au mal qui plongeait ton corps dans la torpeur,
Et j’ai compris trop tard ton silence trompeur,
Quand tu marchais déjà sur ton chemin d’errance.
Ton souvenir me hante au-delà du chagrin
Et mon cœur à jamais reste le tendre écrin
D’un amour réciproque au secret de nos âmes ;
Mes amis de toujours te trouvaient bien mignon,
Mais il me semble ouïr le refrain de leurs blâmes ;
Si tu n’étais qu’un chien, tu fus mon compagnon.
* J’ai écrit ce poème le 28 juillet 2000 en souvenir de Gréta, une gentille femelle labrador. Le dimanche 5 septembre 2004 à 23h30, notre chienne labrador Lorca est allée rejoindre sa copine. Je n’ai pas trouvé tout de suite de mots assez forts pour traduire la peine ressentie. Car si je n’ai jamais été la maîtresse de Lorca, elle était devenue mon chien. Alors ce poème est aussi pour elle.