Gros Bonhomme Noël, me diras-tu pourquoi
Les pierres du parvis l’ont vu mourir de froid ?
La fille aux cheveux d’or, craquant ses allumettes
Se mordait-elle aussi les lèvres violettes ?
De l’enfant du grand erg fixant tes doigts gantés
Caresser du traîneau ton renne ensanglanté,
Essuieras-tu le bleu qui coule au bord du chèche ?
Tu as assassiné les mages de la crèche.
Sauras-tu éviter qu’au retour des frimas
On n’offre aux sans abris qu’un baiser de Judas.
Comment me diras-tu, avec des mots faciles,
Le viol d’un ange blond et l’avion sur la ville ?
Caché sous ton manteau, as-tu lu mon courrier ?
Je ne sais pas écrire et j’ai dû colorier.
N’as-tu pas reconnu dans tous ces découpages
Mes parents réunis sur une même image ?
Tu sais, je n’ai eu droit qu’aux regards de maman.
J’ai ouvert mes paquets auprès de son amant
Et je n’ai pu trouver de papa, dans ma botte,
Qu’un frisson de baiser échappé de ta hotte.
A ma fille qui a bien grandi depuis, et aux nombreux pères qui n’ont pas eu ma chance…