Comment dire en dix mots l’éventail, la palette
Des couleurs qu’en ce jour vous mettez à la fête
Et dont vous vous parez pour exceller, Mesdames,
Couleurs Femmes
Depuis la nuit des jours, en toute latitude
Vous parez votre corps, coutume ou habitude,
Où vous montrez vos cœurs, où vous cachez vos âmes
Couleurs dames
Tu t’appelles Carmen et tu vis à Séville,
Ta robe qui tournoie est rouge comme sang
Et par l’or du soleil, tu séduis qui t’enflamme :
Couleurs flammes
Tu es née au Mali, survis en Haïti
Et ton quartier s’appelle un pauvre bidonville ;
Ta vie n’a que le noir et le gris pour ses trames :
Couleurs drames
Perle de l’Orient, tu n’es que marchandise,
La couleur de ton corps a le goût des devises ;
Esclave ou maltraitée en des trafics infâmes :
Couleurs blâmes
Comment ne pas chanter ce noir dessin de khôl
Qui ennoblit tes yeux ? Sans oublier la geôle
Où vit, dans sa burqa, la prisonnière afghane :
Couleurs qui fanent
Couleurs d’ici, d’ailleurs, ou couleurs d’un sourire
Qui parcourt l’univers pour broder son empire
Comme un bel arc-en-ciel tendu en oriflamme :
Couleurs femmes
(Ce poème a remporté le Prix Charles Guérin au concours Graffigny 2010 – NDLR)