Force fécondante à la charrue attelée,
Le puissant cheval avançait, devant,
Lentement, lourdement, le pas martelé,
Tirant de longs sillons rectilignes et frais.
Les mains solides sur les mancherons, derrière,
Caressant la bride,
Grand-père guidait son percheron
Et, biceps bandés,
Fendait le sein de la terre,
Enfonçant dans la glèbe le fer.
Le tranchant du soc ouvrait le sol vivant
Où le vieil homme déposait des graines de sueur
Comme des gamètes, des perles fertiles.
Quelque fois, il titubait un peu,
Comme enivré par l’odeur intense
De la terre enfantée.
Là-bas, vers le bout du champ,
Je le revois encore, ce roi de la terre,
Marchant pareil au phénix,
Le versoir clair de son brabant
Reflétant au hasard des éclairs de soleil.
L’acte sacré terminé, le regard fixe,
Debout, face au labour,
Il respirait, un temps, profondément.
Puis il s’avançait,
Se penchait vers la terre sombre et grasse
Et me disait :
« Regarde, petit, comme elle reluit, la terre,
On dirait une couenne de lard sous la lumière. »
Il avait un air de vainqueur, mon grand-père ;
Moi, j’étais émerveillé, et je crois que je l’aimais.
Bonjour monsieur.C’est un superbe poême trés émouvant: jADORE les chevaux et je trouve le cheval de trait trés intelligent. Il y a beaucoup d’images qui en disent long. C’est une construction simple comme une narration mais qui touche beaucoup.Qui n’a pas eut dans sa vie un gentil « pépère »?.Il me met la larme à l’oeil votre poème , C’ est vrai qu’il réveille de bons souvenirs d’ enfance et d’adolescence aussi.Mes compliments.