Etat d’âme

Au-dessus de mes os, le soleil de septembre
Avait chauffé la peau de pierre d’Italie
Que nettoieront bientôt pour rendre son poli
Mes enfants aussitôt qu’arrivera novembre…

Sa chaleur en défaut, aussi tiède que l’ambre,
Me poussait son cadeau jusqu’au fond de mon lit
Avant qu’avec leurs seaux, leurs brosses et leur folie
Ils enlèvent à grande eau sa vie de tous leurs membres…

En effet, les lichens, tout heureux d’avoir su
S’accrocher non sans peine sur ce marbre tout nu
Me rappelaient ma joie du jour de leurs naissances !

Alors, tel un vivant râlant sur ses soucis
Mon squelette sans voix soupira d’impatience
En attendant le temps de l’archéologie !

9 Réponses à “Etat d’âme”


  • Ce sonnet est intéressant par l’idée qu’il véhicule et il serait vraiment trés simple d’en améliorer la forme, par exemple en écrivant:

    Au premier tercet, au lieu de:

    « S’accrocher non sans peine sur ce marbre tout nu
    Me rappelaient ma joie du jour de leurs naissances »

    préférer:

     » S’accrocher non sans peine à ce marbre tout nu
    Me rappelaient ma joie au jour de leur naissance »

    (Car il faut rappeler ici que le singulier et le pluriel ne riment pas)

    Ce poème vaut vraiment la peine d’être corrigé! Il prendrait beaucoup de valeur.

  • Je partage l’avis de Joëlle. Il y a parfois très peu de choses à retoucher pour entrer dans un espace plus harmonieux. de mon côté je relève une particularité qui, si elle ne correspond pas à « l’orthodoxie », n’en est pas moins intéressante. En effet, sur la rime en i, tu fais rimer des rimes masculines et féminines, ce qui est normalement proscrit

    Pourtant cela n’est pas fait d’une façon hasardeuse, car il y a chaque fois alternance masculin/féminin. Et je dis, pourquoi pas ? cela n’enlève rien à la musique et à l’unité de composition.

    Quant au fait que singulier et pluriel ne riment pas, cela est bien vrai Joëlle, mais je range pour ma part cette règle dans les conventions qui n’apportent strictement rien rien à une oeuvre, sauf à m’en donner des raisons objectives que j’ignore.

  • C’est vrai, Gérard et j’ignore moi-aussi les raisons de cette règle.

    Quand à l’alternance masculin/féminin des rimes en « i », pourquoi ne serait-elle pas l’effet du hasard ?

    Cela me paraît plausible car le poète semble davantage privilégier le fond de sa pensée que la forme,( fut-elle celle du sonnet) qu’il veut adopter.

  • Merci à vous trois pour ces commentaires très intéressants ! J’avoue mon ignorance sur les règles visuelles du sonnet en poésie classique. Je pensais que les rimes en « ie » étaient aussi masculines ! Je comprends qu’après l’oreille il me faudrait exercer encore l’oeil pour repérer les subtilités de la poésie classique. Mais il est vrai que je suis plus attiré par le fond et la musicalité que par ces contraintes dont on ne perçoit plus la raison qui me font penser à la langue juridico-administrative héritée des siècles (dé)passés où le simple citoyen s’y perd avant de s’en détourner !!! A bientôt à Maxéville

  • En fait, Pascal, ces règles sont établies précisément pour garantir la musicalité.

    La lecture à haute voix de vos vers, puis de la correction vous permettra de sentir que les vers corrigés  » coulent » sans peine alors que ceux qui recèlent un hiatus à la césure sont plus « rugueux ».

    Croyez m’en: ces règles sont au service de vos écrits et il serait dommage de vous en détourner.

  • J’ai vu récemment sur un formulaire le mos « sis » accompagné d’un astérisque avec la mention « situé » en bas de page.
    Si les citoyens du XXIe siècle se perdent et se détournent d’une langue juridico-administrative – voire de la langue française tout court! – n’est-ce pas par simple ignorance et désintérêt pour un vocabulaire que nos grands-parents, pourtant pas tous bacheliers, maîtrisaient ?
    Et puis chaque domaine n’a-t-il pas son langage propre ? Quand je parle prosodie avec un vieil ami poète, mon fils nous regarde comme si nous nous exprimions en chinois. A mon tour, quand il m’explique quelque chose en informatique, je lui demande de traduire son jargon professionnel en langage « normal ».

  • Et tu poses là, Isa, une question essentielle pour ce qui concerne l’avenir de notre langue.

    Le français, qui fut longtemps la langue des diplomates, ( car elle était bien celle qui pouvait offrir la plus grande subtilité et donc, par là même permettre de nuancer au maximum les échanges, il faut le préciser) deviendrait-il trop ardu pour le commun des mortels?

    Car si bien des jargons sont en usage il est vrai, les utiliser, les propager est bien la même solution de facilité que l’on peut, par exemple retrouver dans la banalisation du langage « SMS », (que l’on pourrait d’ailleurs qualifier de « tactilage » exemple: « Je t’M » ou bien  » T ou? » et j’en passe.)

    D’autre part, chaque jargon concernant une branche trés précise de la société, en viendra-t-on à ce que ses utilisateurs finissent par vivre une sorte de repli sur eux mêmes?

    Toute évolution demande un effort et le refus de l’effort génère la sclérose. Je n’y peux rien, mais c’est ainsi.

    Il est vrai que le français est une langue difficile, les étrangers qui l’apprennent le confirment tous , mais il est vrai aussi que, (comme dit la chanson) c’est une langue belle qui vaut vraiment qu’on la défende avec passion.

  • Je ne fais que confirmer ce que j’ai déjà dit sur la pertinence des propos de Claudio au niveau de la phonétique, le français demeurant une langue (encore) vivante. L’aspect visuel, s’il a existé, ne me semble pouvoir être que marginal et sans grand intérêt pour le message linguistique. On pourrait à ce compte pousser le bouchon jusqu’à chercher à obtenir des vers de même longueur.
    Aussi, Claudio, je contresigne ta conclusion, car c’est l’explication la plus plausible que je puise trouver dans l’origine de cette règle et dans les questions que nous nous posons les uns et les autres sur sa pertinence en notre siècle. Car ce qui n’évolue pas meurt, c’est une loi incontournable nichée dans les principes fondateurs de la vie.

    Quant à l’avenir de notre langue, je crois Joëlle que tu n’es pas très réaliste, car ça n’est pas le domaine culturel qui en décidera, mais le monde de la « bulle financière ». En effet, si la langue française est de tradition une langue de diplomate, c’est parce qu’elle a une forte assise culturelle qui freine l’invention de nouveaux mots pour préférer la périphrase avec laquelle toutes les subtilités sont permises, à l’inverse de la langue anglaise qui invente chaque jour un mot pour enfermer tous les concepts possibles dans un vocabulaire en perpétuelle expansion qui constitue alors un domaine de référence de choix pour les juristes et les financiers
    Raison de plus pour faire vivre la langue française à travers ses spécificités !

  • C’est trés juste Gérard,

    Mais…Je pense aussi au chinois avec lequel il convient déjà de composer! Mes enfants ont déjà programmé de le faire apprendre à nos petits-enfants car il sera primordial de le connaître à l’avenir.

Les commentaires sont fermés pour l'instant.



alfalsafa |
NIDISH EDITIONS : Contes - ... |
La Moire d'Ohrid |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Elle-Emoi
| Poèmes, Amour et Société
| Ned La Desosseuse