La Toussaint

Les fleurs de mon enfance, autres pour la Toussaint,
Répandaient sur mon âme un baume imaginaire
Car je ne connaissais, de l’oncle poitrinaire,
Que son nom sur la tombe et son portrait succinct. 

Les larmes de Grand-mère arrivaient à dessein
Pour clore l’oraison, rituel centenaire,
Et nous suivions le pas d’un valétudinaire
Qui tremblait en serrant un bouquet sur son sein. 

Mes défunts d’aujourd’hui sont des êtres que j’aime
Mais je ne pose rien, pas même un chrysanthème,
Sur la pierre glacée à l’ombre du caveau ; 

Car mes chers disparus survivent dans ma tête,
Un monde romanesque issu de mon cerveau,
Et nul ne me dira quand célébrer leur fête.  

(Extrait du recueil Rouge et noir Eden publié en 2005)  

Merci pour vos avis, critiques et conseils 

 

9 Réponses à “La Toussaint”


  • Génial!….

  • Ben oui, génial….
    la forme impeccable, et le fonds, tout ce que j’aime….
    Et la chute qui ne se départi pas de ce petit côté anar particulièrement séduisant….
    « Et nul ne me dira quand célébrer leur fête. »

  • Merci pour le compliment, Claudio ! C’est vrai que mon côté rebelle me pousse à détester ces fêtes imposées par le calendrier, d’où l’idée, l’an dernier, de fêter Noël en août !

  • Toi, tu demandes avis, critique et conseils, c’est assez cocasse. Certes, tout le monde en a besoin…tout le monde…Alors allons-y !
    Sur la forme , je n’ai rien à observer si ce n’est ta fidélité scrupuleuse, dans le sens positif et non « pathologique » du terme, car les scrupules peuvent aussi étouffer la vie. Le thème est très intéressant dans son aspect social, et bien senti.
    J’ai eu seulement une petite difficulté avec les deux premiers vers pour entrer dans le cheminement du poème. Franchis ces deux vers, tout est harmonieux, mais il m’a été nécessaire à première lecture de faire un effort de compréhension sur « autres pour la Toussaint » et le lien entre les fleurs de l’enfance et le baume imaginaire qui m’est apparu ensuite, en seconde lecture. J’ai constaté que cette seconde lecture passe sur « autres pour la Toussaint comme s’il s’agissait d’une sorte de tremplin nécessaire à franchir pour accéder à l’essentiel.
    Sur cet essentiel qui fait tout le charme du poème, comment ne pas te rejoindre ?
    J’avais écrit dans un poème qui reste sosu le coude
    « S’il faut rendre la chair à la terre bénie,
    Point de tombeau gravé, cette ultime prison.
    Je voudrais qu’elle monte comme une oraison
    Du ventre des fourneaux de la sidérurgie. »
    Depuis l’enfance, la tombe ne m’a jamais inspiré de considération positive.
    C’est vrai, ce sont des proches qui s’occupent de la tombe de mes parents sur laquelle je vais très rarement, et lorsqu’ils auront disparu, j’irai l’entretenir uniquement par civisme.
    Un jour où je me suis résolu à aller me recueillir sur la tombe d’une amie, dans le pays Gaumais, je me suis surpris à penser à elle, le dos tourné à sa tombe, mais le regard fixé sur la paysage quasi paradisiaque des collines par dessus du mur du cimetière.Et cette image reste gravée avec son visage. Elle est là où la nature se fait démonstrative pour inviter à la vie.

    Comme tu le dis si bien « et nul ne me dira quand célébrer leur fête », je ressens aussi dans un mouvement qui mène probablement au même endroit « et nul ne me dira où célébrer leur fête ».Tu vois, on peut déjà te parodier (dans le sens musical du terme)!

  • Je voulais surtout, par cette petite phrase, encourager nos ami(e)s poètes à autoriser le lecteur à lui écrire ce qu’il pense de son poème et le critiquer au-delà de l’éloge car l’éloge, je l’ai déjà dit, fait plaisir mais ne fait pas avancer.
    Et puis je considère que rien jamais n’est acquis et que nul n’est le maître absolu. Aucun poète, même un triple Alérion, n’est à l’abri d’une faute de prosodie. Et même s’il n’y pas faute, il peut lui être suggéré un mot à la place d’un autre. Je ne trouve pas sacrilège que l’on me propose une variante ; cela fait réfléchir et avancer.
    Mais surtout, cela prouve une lecture attentive, ainsi que je le disais à un ami qui me signalait fautes et coquilles dans mon dernier roman. Et ça, pour un auteur, c’est un cadeau qui n’a pas de prix ! Je préfère la critique frappée au coin du bon sens de la part d’un lecteur attentif que des compliments passe-partout que peut proférer n’importe qui ayant lu le livre en diagonale, voire pas du tout ! N’as-tu pas déjà remarqué comme les gens sont embarrassés quand tu leur demandes ce qu’ils ont aimé dans le livre dont il te font compliment ?

  • Bien sûr Isabelle ! Je n’ai jamais eu d’autre discours. Mais cela reste cocasse, et pas de ton fait !
    Mais c’est sur cette petite phrase d’introduction que tu proposes un long développement alors que ce qui m’intéressait, dans l’esprit des échanges sur nos textes comme nous le faisons par exemple avec Claude, c’est la sensation qui t’amène à exprimer le premier vers dans la forme qui m’a posé une petite difficulté de lecture comme je l’exprime dans mon message. Est-ce que le sens que tu donnes pourrait se rapprocher de quelque chose comme « ineptes en Toussait ou « aux Toussaint (je pense que le mot peut demeurer invariable au pluriel).Ou derrière le mot autres, peut on , si inepte n’est pas dans le ton, y voir une sorte d’incongruité ou quelque chose du genre ?
    Merci de ta réponse car il est vrai que l’on a parfois besoin d’un petit commentaire pour faire une bonne lecture.

  • Lorsque j’ai écrit ce poème, j’ai eu très précisément en mémoire le souvenir de ma grand-mère, qui m’a élevée, me disputant quand je rentrais à la maison les bras chargés d’énormes bouquets de fleurs des champs… qui n’ « embaumaient » pas longtemps la cuisine ! Comme nous vivions dans un constant rapport de forces, les fleurs ont joué un grand rôle dans mon enfance et j’étais assez étonnée de la voir déposer ses chrysanthèmes, donc des fleurs, sur les tombes. « Autres », donc différentes des miennes.

  • Merci pour cette précision qui permet de lire avec plus de justesse car il y avait plusieurs possibilités derrière le mot « autres  » dans la mesure où il s’agit d’un raccourci poétique.

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