Je t’aimais… tu m’aimais

Je t’aimais, tu m’aimais, 

Unis pourtant nos corps ne le seront jamais. 

 

Vingt ans se sont passés, et plus encor, je t’aime, 

Je crois en notre amour défiant la mort même, 

Je crois qu’il peut franchir les mondes éthérés 

Et réunir les cœurs à jamais séparés. 

 

Je crois en l’immuable, en la force invincible 

Des êtres enlacés jusqu’à l’inaccessible. 

 

Je crois au doux colloque entre les âmes sœurs, 

Au secret rendez-vous dans les soirs de ferveur, 

Quand sonne le retour des heures nostalgiques 

Dans la complicité de la nuit idyllique. 

 

Filet arachnéen recouvrant l’univers 

De sa toile ténue, accrochant au revers 

La foule des humains, long ruban solitaire 

Cherchant en l’invisible un double à sa misère. 

 

Je t’aimais…Tu m’aimais, 

Unis ! Pourtant nos corps ne le furent jamais . 

 

C’est ton amour en moi, qui s’infiltre et demeure, 

C’est le mien qui te grise et jamais ne te leurre. 

 

Je le vois de son aile abriter ton cœur las, 

Frémissant dans ta chair quand je ferme les bras. 

 

Je l’appelle en mon âme aux heures de détresse, 

Il descend dans la tienne aux instants de tendresse . 

 

Il est autour de moi, son ombre me poursuit, 

Il est en toi vibrant comme une eau qui s’enfuit. 

 

Que s’épuise ton sang ou que brûle mon âme, 

C’est toujours notre amour que l’un ou l’autre clame ! 

 

(Ce poème a obtenu le 1ier Prix au Tournoi International Féminin de Poésie et fut remis à Hélène VESTIER au Ministère des Affaires Etrangères à Paris en 1967) 

8 Réponses à “Je t’aimais… tu m’aimais”


  • Marie France Genèvre

    Parler de l’amour à l’imparfait…
    le souvenir reste présent
    C’est beau

  • CHIRON Jean-Jacques

    Ce poème superbe laisse transparaître la sensualité
    des gestes d’amour non accomplis à travers la musique
    des mots.

  • Oui ce poème est superbe.

    Hélène, qui m’a transmis ses papiers il y a bien longtemps, tenait beaucoup au fait de préciser l’obtention de ce Prix de Prestige qui fut l’un des plus grands moments de sa vie.

  • Peut-être serait-il bon de préciser ici qu’Hélène VESTIER fut, aux côtés d’Henry MEILLANT à l’origine de la fondation de la SPAF.

    Je crois pouvoir aussi affirmer qu’elle en fut la première Déléguée Régionale puisque c’est Jean-Claude GEORGE qui lui succéda.

    Hélène a voué sa vie à la poésie et beaucoup d’entre nous, ( dont Gérard DALSTEIN et moi-même) ont bénéficié de ses conseils en matière de prosodie.

    Hélène est devenue presqu’aveugle à la fin de ses jours et sa plus grande peine fut de ne plus pouvoir écrire.

  • Merci Joëlle pour ce moment de retrouvailles avec Hélène. Que de souvenirs ! Elle n’est jamais bien loin, car sa mémoire m’accompagne périodiquement lorsque je parle poésie. Je n’oublierai jamais qu’elle m’a fait mesurer en peu de temps toute l’importance qu’il fallait attacher aux règles de la prosodie. Il faut dire qu’elle était convaincante, à travers ses mots bien sûr, mais aussi et surtout par l’exemple de ses textes. Celui que tu nous offres l’illustre à merveille.

  • « Je crois en notre amour défiant la mort même,

    Je crois qu’il peut franchir les mondes éthérés

    Et réunir les cœurs à jamais séparés. »

    Un poème magnifique à lire du du bout de l’âme …

  • Et je comprends combien il a pu te parler, Marie-Agnès, puisqu’il t’a été donné de vivre l’indicible.

  • Pas mal, en effet!

    Ton anecdote me rappelle une de mes premières entrevues avec Hélène:

    Je commençais à écrire en « vers » et, comme nous l’avons tous fait, je produisais des alexandrins boiteux.

    Hélène lut un de mes poèmes, puis le relut tout haut, appuyant sur le hiatus, et, me regardant droit dans les yeux dit:

     » Cela, mon petit, vous devriez le sentir!  »

    C’était dit avec tant de fermeté que j’en fus glacée et longtemps j’ai pensé:

     » Mais pourquoi cela ne m’est-il pas plus évident? »

    La réponse est venue avec l’expérience. Il faut du temps; du temps et de l’application. Ensuite vient le moment où l’on  » sent » d’une manière qui devient instinctive, (du moins en a- t-on l’impression)à force de pratique.

    Mais je dois dire que cette petite phrase de la part d’Hélène m’a profondément marquée…De même que l’incident que j’ai créé bien malgré moi lors du premier banquet de remise des prix auquel j’assistais.

    Placée non loin d’Hélène dont j’ignorais encore le prénom, ( on disait généralement  » Mademoiselle VESTIER »), j’étais accompagnée d’un amie. Le repas fut trés gai et nous arrivions au moment du dessert.Je voulus vérifier sur le menu ce qu’on allait nous servir et pus constater qu’il s’agissait de poires belle Hélène.

    Alors, riant, je m’exclamai:

    –Ce n’est pas parce qu’on s’appelle Hélène qu’on est pour autant la reine des poires!

    Le silence se fit embarrassé…Je ne sais si Hélène entendit, mais elle engagea la conversation comme si de rien n’était et je n’appris qu’à la fin du repas la bourde que je venais de faire…

    Je pense qu’Hélène, femme de grande subtilité d’esprit (et dans l’hypothèse où elle aurait entendu) a préféré  » laisser glisser » et ce fut généreux de sa part, car j’aurais été vraiment trés embarrassée dans le cas contraire.

    Quoi qi’il en soit, et ceci bien que nous soyons devenues de vraies amies, jamais aucune allusion à cet incident n’a été faite de sa part.

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