Chanson d’hier

Avant, il y avait l’été
Le printemps, l’automne, l’hiver
Aujourd’hui, tout a changé
Et le temps va de travers

Si tu cueilles du lilas
Ami, prends garde à la neige
La neige sur les mimosas
Il n’y a plus d’saisons disais-je

Le ciel fait n’importe quoi
Dit une vieille dame pieuse
D’mon temps, c’était pas comm’ ça
Et j’étais bien plus heureuse…

On s’accroche aux vieux dictons
On voudrait encore y croire
Mais, madame, y a plus d’saisons
Les gens crient ô désespoir !

Des Noël, et des  Saint-Jean
Gardons nos vieux souvenirs
De quand nous étions enfants
Car le pire est à venir…

Si tu cueilles du lilas
Ami, prends garde à la neige
La neige sur les mimosas
Il n’y a plus d’ saisons disais-je. 

2 Réponses à “Chanson d’hier”


  • Voilà un texte enrichissant, qui permet de réfléchir encore aux limites des formes. Le poète est bien un témoin de son siècle, il en rapporte les usages et préoccupations dans un langage où la sensibilité tient une place centrale. Le thème « y’a plus de saison, qui prend du poids avec les préoccupations écologiques, est traité ici d’une façon originale.
    Mais ce que je retiens, en écho aux développements que j’ai envoyés ce matin sur le blog à propos des élisions, c’est que l’on a ici un exemple d’élisions calculées et marquées, qui permet au lecteur de rester dans un rythme harmonieux.
    Ce genre que l’on retrouve dans les comptines et chansons qui font la joie de toutes générations a ses propres règles qui n’ignorent pas pour autant celles de la prosodie mais les adapte à une réalité plus universelle du langage quotidien avec la puissance de l’imagerie et de la rêverie poétiques.Mais la structure globale est assez bien dessinée.
    Il resterait à développer ici un axe sur lequel s’est lancé Nathalie, pas facile, qui pourrait être du plus bel effet et que ne renierait pas Verlaine « De la musique avent toute chose
    et pour cela préfère l’impair »
    Il y a en effet des emplois heureux et répétés de vers à sept syllabes, et cela aurait pu aller jusqu’au bout !

  • Pour en terminer avec le chapitre de l’élision, voilà un exemple de poème qui se prête à des commentaires un peu différents.Sur le thème d’abord. Le poète est un témoin de son siècle et transmet ce témoignage à travers le langage imagé de la sensibilité poétique, complément irremplaçable pour les historiens.
     » Longtemps, longtemps, longtemps après que les poètes ont disparu,
    leurs chansons courent encore dans les rues… »
    Ici, justement, le thème très populaire du « y’a plus d’saison » qui rejoint les préoccupations écologiques ambiantes (« car le pire est à venir » dit l’auteur) reprend de la jeunesse dans une forme originale.

    Sans se placer dans le cadre classique bien qu’en reprenant des éléments structurants comme le quatrain, la rime et les rythmes, Nathalie offre ici une option délibérée de l’élision maîtrisée, et surtout codifiée, ce qui évite au lecteur de trébucher à la lecture, et apparente le texte au style des comptines et chansons populaires.

    Voilà une façon intéressante de traiter le problème de l’élision dans ce style, car qu’est ce qui, abstraction faite du principe intellectuel du respect des règles qui ne constitue pas une fin en soi, gêne vraiment dans l’emploi du raccourci que constitue l’élision ? C’est qu’il fait trébucher le lecteur dans le rythme et casse l’harmonie. Ici, dan ce style bien marqué, la codification permet justement au lecteur de se trouver dans le bon rythme.

    Mais en dehors de ce dernier commentaire sur l’élision, il y a ici un emploi répété à diverses reprises du rythme impair que n’aurait pas renié Verlaine : « De la musique avant toute chose, et pour cela préfère l’impair… »
    L’usage de l’impair est difficile, et comme tu était partie dans ce balancement de rythme, tu aurais pu, Nathalie, aller jusqu’au bout dans l’alternance pair, impair. Regarde voir si l’usage que tu fais de l’impair est totalement aléatoire ou si, effectivement, c’est un rythme que tu as bien senti dans l’écriture, et en te lisant je pencherais pour cette option. En tous cas les effets des vers à sept pieds ne sont pas étrangers au charme de ce poème, qui, une fois de plus, avec un minimum de travail sur quelques vers, irait, comme on dit au niveau du respect des règles de l’art en diverses matières, dont l’architecture, vers son « parfait achèvement »

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