Je me souviens petit,chenapan,
le chemin de l’école sac au dos,
le chemin buissonnier jalonner de parties de billes
où Gavroches un genou à terre dans le caniveau
nous entonnions c’est la faute à Voltaire,
c’est la faute à Rousseau fautifs d’un retard.
Je me souviens petit,écoutant,
la leçon de la maîtresse au tableau
et au pupitre sage comme une image
le problème du robinet et de l’eau
parfois récompensé d’une image.
Je me souviens petit,récitant
les tables de multiplications,
deux fois deux quatre,quatre fois deux huit,
les poèmes en déclamations,
Paul Fort et le bonheur qui a fui.
Je me souviens petit,écrivant
sous la dictée le texte difficile
sans comparaison avec la dictée de Mérimée
et pourtant âpre effort en rien d’infantile
l’apprentissage de la langue aimée.
Je me souviens petit,chantant,
meunier tu dors,ton moulin ton moulin va trop vite,
ton moulin va trop fort
et fort de reprendre en cœur la classe à pleine voix.
Je me souviens petit,jouant,
dents de lait,pas toutes mes dents,
une poule sur un mur qui picorait du pain dur,
le gendarme et les voleurs,
la balle au camp
et quand le coup de sifflet nous rappelait
la fin de la récréation.
Je me souviens petit devenu grand
quand il n’est plus l’heure de l’école
à chat perché et Jacques a dit,
les rondes sous le préau,
le goûter de l’après-midi
et je ne sais encore d’où sortait un escargot tout chaud.
Je me souviens
et je me souviens de qui je suis;
qu’il est grand ce petit.