L’enfant à la fenêtre

Nous avions décidé de faire, sous le soleil, la promenade «  du renouveau » qu’enfant, je faisais avec mes parents, dès la fin de l’hiver. 

Sous le soleil, nous avons pris l’ancienne route de la Mure dont l’ancien pont enjambe l’ISSOLE qui dispense sa fraîcheur, déversant l’eau vive et claire des ALPES  avec générosité. 

Nous marchions sur cette route où peu d’espace est dévolu aux piétons et le passage de chaque voiture soulevait la poussière si bien que c’est avec plaisir que nous avons pu quitter la route pour prendre l’ancien chemin, bordé d’aubépine .La petite chapelle où, derrière une grille la statue de st André veille sur le passant est bien celle que j’ai toujours connue et tout ici me parle du passé…jusqu’au motocycliste qui arrive sur son engin des années 50, nous dépasse, puis revient, pétaradant, pour mieux nous jauger ! 

Nous arrivons au village…si petit, si petit…et je veux, tout près de la place en demi-cercle montrer à Franco le tout petit bosquet où j’aimais aller jouer. 

Toute à cette pensée, je passe près d’une maison sans regarder. Franco dit : Bonjour ! , puis me dit : on  te dit bonjour…) 

Levant les yeux, je vis une petite fille d’environ sept ans, à la fenêtre. D’une voix si douce et claire elle dit : Bonjour ! et me regarde furtivement. 

J’eus à peine le temps de sourire et lui répondre que nous étions passés…Le petit bois a disparu…Ils ont construit la Mairie à sa place !…Redescendant vers la Placette, j’ai levé les yeux vers la fenêtre : mais, seul un rideau frémissait sous la brise. 

Nous sommes repartis. Franco n’a pas vu mes larmes couler, derrière mes lunettes de soleil…car une pensée m’avait étreinte…  Cette enfant à la fenêtre : c’était la petite fille que j’avais été, qui était venue me faire signe dans un rayon de soleil de ce jour de Juillet. 

5 Réponses à “L’enfant à la fenêtre”


  • Merci, Joëlle, pour ce texte plein de pudeur, de poésie et d’émotion. Mais es-tu bien certaine que Franco n’ait pas vu couler tes larmes ?

  • Joelle di SANGRO

    Je ne sais pas Isa.

    Mais si c’est le cas, il a eu la délicatesse de me laisser maitriser mon émotion et je lui en sais gré.

    Cette anecdote me ramène à l’évocation du poème de Gérard, qui revoyait l’enfant regardant gravement l’Emile, son grand’père. Cet enfant qu’il avait été et qui préfigurait déjà l’homme qu’il allait devenir.

    On ne guérit pas de son enfance.

  • Très doux, très tendre … cette enfance qui vous remue le coeur !

  • Cela me touche beaucoup, comme tout ce qui touche à l’enfance que tout un chacun garde au fond de soi, cette part de lumière ou d’ombre qui, comme dans ces jolis mots, fait son apparition de façon si délicate, comme un clin d’œil!

  • Déjà, c’est une heureuse idée que de proposer un thème dans le genre des anecdotes. Potentiellement, cela devrait apporter de la matière, car nous sommes sans doute nombreux à être concernés dans le cadre de cette proposition.
    Sur le contenu, si je n’ai pas eu la chance de vivre un tel épisode, j’en ai eu d’autres, il est loin de me laisser indifférent. Le thème se prête aux diverses possibilités de développement du rêve, en poésie, comme en peinture : « l’enfant à la fenêtre », ou même, en allant dans une vision plus générale « le mystère de la fenêtre ».
    Que de choses ai-je pu imaginer en un visage entrevu à une fenêtre, ou au passage d’une ombre par le « tableau » d’une fenêtre. Car la fenêtre, c’est comme un petit tableau derrière lequel peuvent s’imaginer les possibles et même les impossibles.Sur une ombre entrevue, on peut bâtir un roman, ou visionner en une fraction de seconde le fil d’une vie. Quel mystère !
    Mais quand tu parle de maîtrise de ton émotion, j’ai une petite réaction qui me dit « dommage ». Si nous les maîtrisons pour pouvoir vivre avec une certaine sérénité dans une collectivité, dans le cas que tu nous partages, où t’auraient emmenée ces larmes, qui sont un mode d’expression libératoire par excellence, si la raison n’avait pas pris les commandes ?
    La question n’attend évidemment pas de réponse. C’est comme un petit bouquet de fleurs des champs.

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