Peut-être avez-vous vu cette vieille maison,
Qui borde le chemin menant à la rivière ?
Ne soyez pas déçu par son air d’abandon,
Ni par ses volets clos, hostiles à la lumière.
Car si elle est fermée, ainsi qu’un vieux coffret,
C’est qu’elle contient tant de ces heures précieuses
De ces morceaux de vie qu’elle garde secrets,
Et qui dorment ici comme des choses pieuses.
Mais cette vieille maison, je l’ai connue joyeuse,
Ses vieux murs résonnants de rires et de chansons,
Elle abritait alors une famille heureuse,
Ce vieux toit voyez-vous était notre maison.
Trois enfants ont grandi dans cet humble logis
Leur enfance, et plus tard leurs rêves de jeunesse
Je sais où les trouver, ils sont restés ici
Si souvent évoqués par moi avec tendresse.
Je suis seule aujourd’hui avec mes souvenirs,
Un à un m’ont quittée mes compagnons d’enfance,
Mais la vieille maison m’a gardé le sourire
Et sait me parler d’eux avec tant d’insistance.
Ne me dites pas que ce passé est mort,
Il est là, si vivant… et sur le seuil encore
Ma mère me sourit et m’attend peut-être.
Cette jolie poésie nostalgique me rappelle celle aussi émouvante de Géo Valdy mise en musique, à la fois, par lui-même et A. Terrier que ma mère chantait de sa belle voix et qui me soulevait tant de frissons :
… « Derrière les volets »…
Je la tiens à disposition de ceux qu’elle pourrait intéresser.
J’attendais des commentaires sur ce poème car il offre une certain nombre d’ingrédients qui participent aux belles poésies. Une inspiration dont on sent la complète authenticité, une façon naturelle et spontanée de suivre sa sensibilité, une simplicité reposante et touchante qui n’est pas sans rapport avec la fluidité de certains vers. Point d’appel à la mythologie, au dictionnaire pour aller comprendre quelques métaphores d’initiés. Cela peut constituer une voie royale en revenant un peu sur la prosodie, car lorqu’on écrit en vers de cette belle façon, aller au bout de la logique de l’harmonie des sons et de la musique qui justifient la versification peut donner de petits bijoux. Il y aurait peu à remettre sur l’ouvrage pour y parvenir. Ce serait dommage, Rosaria, que vous vous arrêtiez en chemin et que vous n’alliez pas eu bout de cette logique.
Un jour de 1884, un an après avoir reçu le prix des poètes lorrains, lors d’une réunion privée avec Hélène Vestier, une figure emblématique de la SPAF qui était alors présidente de la SPAF Lorraine et du jury, elle avait pris un poème de mon recueil, et m’avait dit « Gérard, est-ce que tu relis tes poèmes à voix haute ? » Un peu surpris par cette question, je la laissai relire un quatrain, et elle s’arrêta sur ce vers : « Dont l’art de fondre fer a assis le renom ».
» A assis, ça ne te choque pas ce hiatus ? Et elle ajouta « Pourquoi n’as tu pas écrit « a forcé le renom » ? et le poème aurait rendu toute sa beauté.
Mais c’était bien sûr, et ça correspondait bien au fond de ma pensée !
J’ai intégré cette leçon d’un « grande dame » de la poésie. Ce qu’elle m’a révélé là, qui est « tout bête », est devenu mon exercice pratique numéro un pour vérifier la musique d’un poème.
J’ignore si vous avez l’intention de remettre quelques vers de votre poème sur le métier. Mais pour moi ce serait dommage que vous ne le fassiez pas, car il en vaut la peine!
La prosodie n’est pas un exercice artificiel, mais un guide pour mener à maturité une harmonie qui se cherche et qui nous « titille ».
Alors, je crois que la voie vous est ouverte pour le meilleur !
Merci à tous pour vos commentaires. Gérard j’apprécie tes conseils ainsi que ton exemple.
Agréable journée à tous.