Je serai roulé par la mer
son jouet jusqu’à l’infini
et poli luisant de lumière
j’étincellerai dans la nuit.
Un enfant jouant sur la plage
m’emportera comme un joujou.
Presse-papiers d’écolier sage
je serai pour lui « le caillou »
Mais je reviendrai dans ses rêves
le hanter de sonorités :
chevaux d’écume sur les grèves
des manades hallucinées
Alors je le verrai sourire
dans la lumière du matin
comme sourit un avenir
dans les songes fous d’un gamin.
Élie Viné
Que de souvenirs évoqués dans ce poème joliment rythmé ! Quel enfant en effet n’a pas rapporté de son séjour en bord de mer un galet dont l’odeur forte, parfois, le ramenait vers les vacances, loin de ses devoirs d’écolier si promptement distrait ?
Il ne pouvait y avoir qu’Elie VINE pour s’imaginer être un galet et devenir le jouet d’un enfant pour recevoir l’ineffable récompense de le faire sourire…
Sertir ce rêve dans les vers impeccables d’un beau poème est vraiment l’image de marque d’Elie qui peaufinait à l’extrême l’expression de la moindre pensée.
Je craignais que l’exercice du thème imposé n’appauvrisse un peu la matière poétique, car de deux choses l’une,
-soit on crée un poème en entrant dans le thème, un peu du « sur mesure », et je reste perplexe sur le fonctionnement de la plume (c’est à dire de l’homme qui la tient) dans ce cas, mais c’est peut-être chez moi une limite de ne pouvoir écrire un poème sur commande
-soit on dispose d’un poème inspiré par une circonstance particulière que l’on peut qualifier de fortuite, en tous cas dont on est pas maître. Et on en a pas toujours « sous la main ».
Je suis heureux de constater que, quelque soit la catégorie de celles décrites ci-dessus dans laquelle entre ce poème, il est remarquable par son pouvoir d’évocation à travers un objet aussi ordinaire qu’un galet, et dans une forme qui sert aussi bien le sujet, en octosyllabes impeccables qui font le tour du sujet dans une certaine fraîcheur d’enfance.
Le thème imposé a deux conséquences : le silence de ceux qui n’ont rien sous le coude et qui ne peuvent/veulent pas composer pour la circonstance, et la stimulation de ceux qui ont besoin d’être guidés dans leur inspiration. Il y aura donc toujours, a priori, de la place pour accueillir les deux catégories : les poèmes à thème et ensuite les poèmes hors thème.
Personnellement, lorsque je faisais des concours, j’aimais assez le défi que représente le thème imposé. Et je retrouve ces défis dans mon travail, quand on me passe une commande pour un poème de circonstance, baptème, anniversaire, retraite, etc. ou sous forme d’acrostiche. Ils représentent un exercice intellectuel très intéressant.
Peut-être aussi des thèmes plus abstraits, genre « le départ »,
« la tristesse », « l’intolérance », »l’émerveillement »…
Merci, Marie-France, pour ces suggestions que je note pour l’année prochaine. J’invite d’ailleurs tous les adhérents à joindre leurs propositions aux tiennes.
Tout à fait d’accord. J’exprimais une crainte et non une critique sur le choix. Je finis d’ailleurs rassuré !
Oui, Gérard, c’est bien ainsi que je l’ai compris !
…et, bien sûr, l’amour!
Comment pourrait-on ne pas choisir l’amour comme sujet!
( je suis prête à parier qu’il faudra plus d’un mois pour afficher sur le blog l’ensemble des poèmes envoyés!)
Ah ! l’amur, l’amur tujurs ! comme dirait notre Johnny national ! C’est sûr qu’un mois n’y suffira pas, mais nous pourrons y revenir en affinant le thème : la passion, le chagrin, le SM… Non, je plaisante !
Que de variantes possibles…déviations, même déviances…attention aux déclinaisons Zaz (le déclin de l’empire américain ?…)hihi…