Je me suis allongée sur les bords où parmi l’herbe roussie fleurissent
les mauves, le trèfle et le sainfoin. Bercée par la chanson de l’onde
qui se sauve vers le pont de granit, j’entends plus loin le murmure de
ton eau.
Je goûte ta douceur, ton calme reposant, fleuve fécond aux ondes
translucides.
J’écoute la voix au son caressant qui sort de son courant par ta course
rapide.
Tu es majestueux, fier de ta force sûre : insensible, tu vas, emportant
les chalands qui descendent ton cours dont ils souillent l’eau pure,
semblables aux joujoux que ferait un enfant.
Les siècles s’écoulant comme les destinées n’ont pas d’effet sur toi,
qui te moques du temps, immuable flot arrose les cités qu’il traversait
déjà il y a si longtemps.
Tu restes toujours, ô fleuve symbolique, chaque saison qui vient ranime
son essor, apportant avec elle un charme poétique, l’hiver son manteau
blanc et en été sa toison d’or.
Qu’il est doux au printemps, quand se lève l’aurore, quand l’astre du
matin déjà resplendissant efface les brouillards que tu traînes encore,
souvenirs de la nuit qui vont en s’estompant, d’assister au réveil de
tes rives perlées par la rosée en cette première heure. Vision encore
endormie que seul anime le passage rapide d’un martin-pêcheur.
Par les soirs d’été, quelle mélancolie dégagent tes abords baignés par
le couchant qui fuit vers l’horizon de la terre assoupie, plongeant dans
l’eau diaprée son disque rougeoyant.
Des myriades d’insectes aux élytres dorés, papillons de la nuit,
lucioles minuscules qui vivent de ta vie, par les beaux soirs d’été
entonnent leur concert quand vient le crépuscule.
Je reste éblouie devant tant de beauté, de mon coeur la foi monte vers
Dieu et la poétesse solitaire que je suis regarde les cieux argentés où
la première étoile brille au dessus de ma tête.
J’écoute monter, haut vers le firmament leur chant d’adoration dans le
jour qui s’achève et la nuit ouatée qui descend lentement, me retrouve
encore là, qui t’écoute et qui rêve.
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3 Réponses à “Le fleuve”
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Une jolie prose descriptive, on en voit peu sur le blog…
Ces lignes révèlent un profond amour de la nature, le goût de la contemplation avec une ouverture sur l’infini.
Une bien jolie part de rêve!
« Je reste éblouie devant tant de beauté, de mon coeur la foi monte vers
Dieu… »
Du mystère de la création, de sa beauté, l’âme contemplative se déploie plus facilement vers Dieu… c’est si vrai quand la foi est si profondément agissante en un besoin d’amour toujours plus épuré. Un texte qui, en tranquille louange, coule comme une belle retraite vers Dieu.
J’ai découvert aussi avec un bonheur particulier récemment les poèmes de Joëlle Di Sangro transcendés par cette même foi.