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Archive journalière du 1 juin 2010
Place de la Gare, à Charleville.
Sur la place taillée en mesquines pelouses,
Square où tout est correct, les arbres et les fleurs,
Tous les bourgeois poussifs qu’étranglent les chaleurs
Portent, les jeudis soirs, leurs bêtises jalouses.
L’orchestre militaire, au milieu du jardin,
Balance ses schakos dans la Valse des fifres :
Autour, aux premiers rangs, parade le gandin ;
Le notaire pend à ses breloques à chiffres.
Des rentiers à lorgnons soulignent tous les couacs :
Les gros bureaux bouffis traînent leurs grosses dames
Auprès desquelles vont, officieux cornacs,
Celles dont les volants ont des airs de réclames ;
Sur les bancs verts, des clubs d’épiciers retraités
Qui tisonnent le sable avec leur canne à pomme,
Fort sérieusement discutent les traités,
Puis prisent en argent, et reprennent : « En somme !… »
Épatant sur son banc les rondeurs de ses reins,
Un bourgeois à boutons clairs, bedaine flamande,
Savoure son onnaing d’où le tabac par brins
Déborde – vous savez, c’est de la contrebande ; -
Le long des gazons verts ricanent les voyous ;
Et, rendus amoureux par le chant des trombones,
Très naïfs, et fumant des roses, les pioupious
Caressent les bébés pour enjôler les bonnes…
Moi, je suis, débraillé comme un étudiant,
Sous les marronniers verts les alertes fillettes :
Elles le savent bien ; et tournent en riant,
Vers moi, leurs yeux tout pleins de choses indiscrètes.
Je ne dis pas un mot : je regarde toujours
La chair de leurs cous blancs brodés de mèches folles :
Je suis, sous le corsage et les frêles atours,
Le dos divin après la courbe des épaules.
J’ai bientôt déniché la bottine, le bas…
Je reconstruis les corps, brûlé de belles fièvres.
Elles me trouvent drôle et se parlent tout bas…
Et je sens les baisers qui me viennent aux lèvres…
Arthur Rimbaud (1870)
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Je me suis allongée sur les bords où parmi l’herbe roussie fleurissent
les mauves, le trèfle et le sainfoin. Bercée par la chanson de l’onde
qui se sauve vers le pont de granit, j’entends plus loin le murmure de
ton eau.
Je goûte ta douceur, ton calme reposant, fleuve fécond aux ondes
translucides.
J’écoute la voix au son caressant qui sort de son courant par ta course
rapide.
Tu es majestueux, fier de ta force sûre : insensible, tu vas, emportant
les chalands qui descendent ton cours dont ils souillent l’eau pure,
semblables aux joujoux que ferait un enfant.
Les siècles s’écoulant comme les destinées n’ont pas d’effet sur toi,
qui te moques du temps, immuable flot arrose les cités qu’il traversait
déjà il y a si longtemps.
Tu restes toujours, ô fleuve symbolique, chaque saison qui vient ranime
son essor, apportant avec elle un charme poétique, l’hiver son manteau
blanc et en été sa toison d’or.
Qu’il est doux au printemps, quand se lève l’aurore, quand l’astre du
matin déjà resplendissant efface les brouillards que tu traînes encore,
souvenirs de la nuit qui vont en s’estompant, d’assister au réveil de
tes rives perlées par la rosée en cette première heure. Vision encore
endormie que seul anime le passage rapide d’un martin-pêcheur.
Par les soirs d’été, quelle mélancolie dégagent tes abords baignés par
le couchant qui fuit vers l’horizon de la terre assoupie, plongeant dans
l’eau diaprée son disque rougeoyant.
Des myriades d’insectes aux élytres dorés, papillons de la nuit,
lucioles minuscules qui vivent de ta vie, par les beaux soirs d’été
entonnent leur concert quand vient le crépuscule.
Je reste éblouie devant tant de beauté, de mon coeur la foi monte vers
Dieu et la poétesse solitaire que je suis regarde les cieux argentés où
la première étoile brille au dessus de ma tête.
J’écoute monter, haut vers le firmament leur chant d’adoration dans le
jour qui s’achève et la nuit ouatée qui descend lentement, me retrouve
encore là, qui t’écoute et qui rêve.