Ah ! Souvenez-vous en ! Souvenez-vous, ma Mie
Dans les prés la jonquille annonçait le muguet,
Le lilas patientait, là-bas, dans le bosquet,
L’éclat de vos seize ans réjouissait ma vie !
J’avais cru deviner nos cœurs au diapason,
Et vous avais cueilli quelques blanches clochettes.
Pour étancher ma soif de féeries secrètes
J’aurais cueilli, cueilli bien plus que de raison.
Tant d’ardeur déroutait votre âme adolescente,
Mais déjà s’annonçaient de belles floraisons,
Car lorsque vint le jour des tendres abandons
J’ai cueilli le bonheur sur votre lèvre ardente !
De la belle saison, avez-vous souvenir ?
Des nuits d’embrasement, des matins de tendresse,
Lorsque l’aube naissante accueillait la promesse
De vivre un jour nouveau, de toujours nous chérir.
Ah oui ! Souvenez-vous, ma princesse, ma Mie,
Vous aviez, de la rose, insolente beauté,
L’admirable élégance et, dès le soir tombé,
De l’astre de minuit, le charme et la magie.
Muse de mon refrain, souvenez-vous encor,
Quand, malgré la bourrasque et les sombres vesprées,
Je regardais vos yeux, j’y voyais irisées
Les couleurs de l’automne en un camaïeu d’or.
Et j’ai vu se friper la nature endormie,
Les oiseaux nous quitter, pour un autre horizon,
Les feuilles et les fleurs tomber en pâmoison,
Vous n’étiez que noblesse et, pour moi, poésie.
Puis, l’hiver est venu, ma reine, mon amour,
La neige rivalise avec ma tête blanche,
La partie se termine, il n’est pas de revanche,
Ma valse à quatre temps opère un dernier tour.
N’en soyons pas émus, ma douce et tendre amie.
N’est-ce pas en hiver qu’on fête les amants ?
Saint Valentin revient pour sceller nos serments,
Vienne un nouveau printemps ! Venez danser ma Mie !