Un automne pensif tout irisé de brume
Sur l’eau calme bordant un étrange manoir
Apporté par un fin dentelleron d’écume
Du néant il surgit, tel un grand cygne noir
L’instant où je le vis, je dus l’apprivoiser
Et de ma voix naquit cette ample mélodie
Qui sur lui vint s’étendre avant de se briser
Comme un cristal qui blesse instillant sa folie
Et le printemps m’offrit la douceur de son aile
L’étoile au fond du soir accueillit cet instant
C’est alors qu’apparut à son flanc, irréelle
La blessure d’un mal qu’il lissa doucement
Et tout ce désespoir indiciblement dit,
Fit naître dans mon cœur la tristesse et la peine
Car le bel oiseau noir qui se croyait maudit,
Glissait silencieux vers la nuit son domaine
Mais le chant de nouveau l’attira dans l’espace
Sur ma gorge il posa, comme pour s’apaiser
La douceur de son col, il y mit tant de grâce
Que l’Amour se souvient encor de ce baiser.
Alors tomba sur lui le voile de l’oubli
Mon image devint très floue en sa pensée
Dans sa fuite, je sais, le sort s’est accompli
Et n’est plus que l’écho d’une histoire passée.
Moi, je suis une dame et mon rêve est immense,
Il m’emporte au-delà des confins de la nuit
Je tenais ce pouvoir d’apaiser sa souffrance
Mais qui saurait un jour le sauver de l’ennui…
Ce n’est qu’une légende ! éphémère est l’argile…
Et j’y pense parfois, tirant de leur écrin
Pour un instant d’émoi quelque larme fragile
Un petit rien d’amour et l’ombre d’un chagrin.
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