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Archive journalière du 13 avr 2010
Au terme de l’office des funérailles,
Après l’absoute,
Dans l’église silencieuse et comble
Où fut rappelée la promesse d’immortalité,
La sirène toute proche a rugi,
Comme hurlant vers l’infini le cri de la douleur.
Puis deux cloches monotones tintèrent pour le glas.
Autour du catafalque débarrassé,
La lumière funeste glacée des vitraux,
L’odeur forte mêlée de fleurs et d’encens,
Et sur les cierges étouffés encore fumants,
De longues larmes tièdes pétrifiées.
Ils étaient tous venus au rendez-vous,
Ceux de la classe vingt-sept, les Malgré-Nous,
Ceux des ateliers du jour qui l’avaient connu,
Comme ceux du fond, ses coéquipiers des secours,
Les retraités, les silicosés et la masse des villageois.
Plusieurs pompiers casqués avaient monté la garde,
Dignement, à côté de la dépouille de leur camarade.
Quatre d’entre eux avaient ensuite poussé
Le chariot mortuaire jusqu’au cimetière,
Imprimant le pas solennel
Au très long cortège marchant derrière.
Un clairon déchirant sonna pour le mort,
Impeccablement, juste avant la mise en terre.
Une jeune veuve devant la tombe béante,
Une dernière fois,
Jeta de l’eau bénite sur le cercueil
Et la part de sa vie au fond de la fosse déjà.
Je ne l’ai pas vu pleurer ;
Sûrement serrait-elle à l’intérieur tout son malheur.
Non loin, deux adolescents, mon frère et moi.
Je ne sais plus si vraiment nous avions perçu,
Au cœur de cette foule importune,
Que c’était notre père, celui que nous aimions,
Que, sans détour, ni retour, l’on enterrait là.