Lentement il avait affronté chaque marche
Menant au pied du tertre où le monde se tait
Le temps avait coulé depuis les jours de l’Arche
Et déjà, devant Lui, le soldat se hâtait.
On arracha l’étoffe étrange et dérisoire
Dont on l’avait par jeu quelqu’ instant affublé
Puisqu’en l’humain subsiste un désir illusoire
De fouler l’innocence ainsi qu’un champ de blé.
C’est alors qu’Il posa son regard sur la ville
Et que du fond des yeux de cet homme banni
Montèrent sous les cris de la foule servile
L’absolu dans l’amour, offert à l’infini.
Une brute surprit cette image sublime
Qui devint un outrage à sa bestialité
Et ne sut pour franchir cet insondable abîme
Que gifler, formidable et fou, le condamné.
Comme le submergeait cette vague de haine
Il jeta sur le sol cet homme à ses genoux
Et la foule entendit presque jusqu’en la plaine
L’horrible bruit des os qui craquaient sous les clous.
C’est alors qu’on dressa le gibet sur le monde
L’absolu dans l’amour, offert à l’infini
Transcendant à jamais le Vainqueur de l’immonde
Dans l’accomplissement indicible d’un cri.