Dormir les yeux ouverts, braqués sur les barreaux
Pour capturer dès l’aube un rayon d’espérance,
Un carré de ciel bleu sur le chemin d’errance
De tous les prisonniers, victimes ou bourreaux.
Dessiner une fleur sur le noir des carreaux
Pour oublier l’arôme âpre de la souffrance,
Apprivoiser l’angoisse avant la délivrance
De ces enfants martyrs aux mains des généraux.
Composer un cantique à l’ombre d’une église
Pour éviter de voir jusqu’où l’âme s’enlise
Quand l’artiste se meurt sur le marché de l’or ;
Et moi j’écris l’amour pour essayer de vivre,
Rêverie éphémère en face de la mort,
Au soleil des amants de chaque nouveau livre.
(Extrait du recueil « Les hallucinations »)