Le chant vivant de la mer bien longtemps m’a bercée…
J’ai vu le ciel s’y refléter et j’ai contemplé ses reflets : or, feu, gris, bleus, émeraude.
Rugissante ou rassurante, gerbes d’écume fracassantes, vaguelettes endormeuses, venues lécher…
Au rythme de ses marées, j’ai trouvé mon souffle, et appelé Liberté cette immensité bleue.
Le chant vivant de la mer bien longtemps m’a bercée…
Dans le secret de ses rochers, j’ai cueilli mille et un trésors. Des coquillages nacrés et l’anémone qui dort lorsque l’eau se retire…
Dans le sable mouillé, j’ai enfoncé mes pieds et tracé des chemins nouveaux que les vagues effaçaient…
Translucide comme une vérité, elle a oint mon corps blessé, de son eau où je voulais me perdre.
Sur la grève, elle m’a ramenée…
Le chant vivant de la mer bien longtemps m’a bercée…
Dans ses anses, ses criques. Sur ses longues plages étirées, j’ai bien souvent trouvé refuge, ou, sortant d’une tempête, accosté… Et si quelquefois, j’ai cru perdre mon âme, faire naufrage en sombrant par le fond ; en regardant son horizon, la mer, comme un mirage m’a redonné le souffle…
Loin à présent, je pense à elle quand l’envie d’infinité me prend.
Son ressac appartient à ma mémoire. En fermant les yeux, je peux l’entendre encore…
Parfois, errant un peu, je cherche dans mon village à l’écart dans les terres, la ruelle qui conduit au port…
Le chant vivant de la mer bien longtemps m’a bercée…
Mer. Mère de mes vingt ans, elle a bu mes larmes amères…
D’éternité est fait l’océan.