Le soleil s’est levé sur un lit de nuées :
midi verra l’averse et l’éclair au ciel noir ;
puis des rayons blafards découperont, le soir ,
nos sommets d’ajoncs clairs et de roches mouillées.
La nuit, quand blanchira le village endormi
sous le regard penché de la lune indolente,
une immense moisson de l’orge qui s’argente
vers elle inclinera tout son peuple d’épis.
L’aube s’annoncera dans le gris de la brume
traversée par le vol et l’appel d’un grand-duc :
mais l’abeille au soleil ira cueillir les sucs.
Flamboyant ou fumeux, tel le Temps se consume :
Le poète aime un temps ce théâtre caduc,
veille, contemple…et dit l’Invisible à sa plume.
(Antoine de l’ ESCALE , Grand Prix des Poètes Lorrains 1968)