Aujourd’hui, c’est fête au village…
J’ai promis à ma Maman d’être sage !
Mais comment pourrais-je encore bouger
Dans mes habits endimanchés,
Cette robe d’organdi
Qui ne fait aucun pli,
Et ces souliers vernis ?!
Que de cérémonies !
Ce n’est vraiment pas drôle…
Je serre les épaules,
J’ai peine à remuer…
Et puis j’ai mal aux pieds !
Mais il faut obéir,
Quitte à en souffrir !
Pour comble de bonheur,
Ma sœur a piqué des fleurs
Dans ma jolie chevelure frisée !
Je ne suis plus qu’une petite fille… déguisée…
Et cette corbeille pleine de pétales de roses
Accrochée à mon cou,
Comme un licou !…
Je me sens toute chose,
Un peu morose…
Les adultes sont si bizarres,
J’aimerais comprendre leur langage,
Mais c’est la Fête-Dieu,
Il faut être respectueux,
En signe d’offrande se courber,
Rendre grâce et prier.
Les fidèles défilent devant le reposoir,
Le prêtre exhibe l’ostensoir
Et agite l’encensoir…
Moi j’en ai assez !
Mes pétales je les ai jetés,
Mon devoir je l’ai fait,
Alors que l’on me fiche la paix !
Mais avec le soir, un peu plus tard,
Arrivent les cauchemars :
« Et le verbe s’est fait chair…
Et il a habité parmi nous… »
Cela ne pourrait-il pas être un peu plus clair ?…
Je mets en doute tous ces mystères !…
Mais c’est sûr, à présent, je mérite l’enfer !…
Dieu m’aurait-il abandonnée ?…
Ô pitié, pitié !…
Il me faut vite me faire pardonner
Et, demain matin, très tôt, aller me confesser !