S’il est des monuments qui font vibrer nos âmes,
Envoûtant nos esprits sous leurs grandes ogives,
Que renaisse l’espoir, que grande foi revive :
Voici les Notre-Dame !
Maître d’œuvre inconnu, toi l’antique ingénieur,
Depuis la dédicace en passant par les tables,
Tu vis entre tes mains s’ériger, véritable,
Le Temple du Seigneur.
Argotique travail élançant dans les cieux
Le plus grand des vaisseaux ! Espace en extension
Tenu en clefs de voûte où règnent les tensions !
Equilibre audacieux.
Son chœur vers l’orient est une immense proue
Pourfendant sans répit le courants telluriques ;
Voyage en l’infini vers la source cosmique,
Prions qu’il ne s’échoue !
Ainsi l’homme placé en son centre alchimique,
Inondé de lumière en ces divins espaces,
Lentement s’irradie sous le feu des rosaces
Qui veillent, magnifiques !
Ces sublimes instants, ces instants merveilleux,
Transforment sa pensée, son âme et puis sa vie,
Et l’emporte soudain, vivante eucharistie,
Au séjour de son Dieu
Et pendant ce temps là, dehors, sous les portails,
La foule en vague noire étouffante et bruyante
Tourne autour de la nef en carène imposante,
Cherchant le gouvernail…
O toi l’homme égaré ! Debout ! Et ne défaille.
Catalyseur vivant de ces forces divines,
Cathédrale de chair, tomberas-tu en ruines
Comme simple muraille ?
Jean Pierre RECOUVREUR ( 1948 – 1981 )
Grand Prix des Poètes Lorrains 1979 pour son recueil intitulé : « Haut les cœurs »