Archive mensuelle de avril 2009

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Chemin

C  ombien de chemins parcourus
H  abillés de nos amoursmortes
E  t combien de froides saisons ?
M  archer pourtant d’un pas têtu
I  gnorant rimes et raisons,
N  u, essentiel et sans escorte… 

Plus de 3 000 visiteurs

Après exactement quatre mois d’existence, notre blog a dépassé la barre des trois mille visiteurs.
Il comporte à ce jour 215 articles et 285 commentaires et se trouve à la 26e place dans la liste des blogs dédiés à la poésie et à la littérature du site hébergeur unblog.fr qui en comporte 2119 dans cette catégorie.

Ardentes groseilles

ardentesgroseilles.jpg

La mort du soleil

Jusqu’à l’incandescence douce,
Il rougeoyait, victorieux fragile,
Le soleil de fin février,
Là-bas, comme un grand feu en péril
Aux franges de l’horizon gazeux.

Oh ! vapeurs incertaines
Autour des contours estompés,
Tout ce brouillard enfin dissipé
Et puis, au débouché d’un virage,
Imprévisible, cette beauté soudaine !

Je garai mon auto sur les zébras.
Mes yeux béats quittèrent ma face
Et s’en allèrent loin,
Jusqu’au disque vermillon,
À travers cet entrelacs
De branches de neige et de glace,
Des branches scintillantes fines.

Il était au ponant, à sa place,
À la même place maintenant
Où j’avais vu la lune jaune le matin :
La violence remplaçait l’indolence.

Le ciel avait fait un tour
Et le jour allait partir, à l’évidence,
Là, vers le vide et le vertige,
Au royaume des morts,
Rosissant au-dessus les nuées denses.

Au terme du prodige, je repris la route ;
Une nuit froide et fade vint à moi.

Arbre

                            A  vant l’ultime dénuement, 

                            R  êve éperdu de l’arbre fou : 

                            B  randir tout l’or de son désir, 

                            R  ugir sa fringale d’amour 

                            E  t tenter d’oublier le pire… 

Amour blessé

Ne peut-on se quitter
Sans s’abîmer,
Sans se déchirer
Et ne garder que les bons moments
Parfois si troublants ?…
Préserver au moins l’amitié ;
Ne pas mépriser
Celui qui s’en va,
Celui qui  nous quitte
Et ne sera plus là,
Mais, vite, vite,
Retrouver la liberté,
La liberté d’aimer à son gré
Et, même s’il en coûte,
Choisir une autre route… 

Trop de rancœur
Noircit le cœur. 

Soigner la blessure
Qui longtemps suppure,
Puis, à nouveau, pouvoir se regarder
Sans inimitié…
Même si souvent l’on pleure,
Ne souhaiter pour l’autre que du bonheur
Et tout en pardonnant
Devenir plus grand…
Après avoir crié comme une bête,
Reprendre goût à la fête
Car jamais rien ne s’arrête.
Etouffer les blancs sanglots,
Rire, danser, chanter fortissimo :
Le temps qui passe est sans retour
Mais porte en lui, toujours,
L’espoir d’un nouvel amour. 

Printanier

Comme un culte de la renaissance,
comme une clémence succédant aux frimas hivernaux
tout en radoucissement,
aux frondaisons d’un vert chatoyant recouvrées
et enchantées du chant siffleur des oiseaux,
comme une flamme déclarée agîtée d’une jeunesse
au jeu de tout embellir en richesses bourgeonnantes
ou écloses pour exposer son gisement en regain,
comme une tenue légère incitation à des jours meilleurs,
à revenir au bois où nous irons encore,
comme un renouveau assouvi en douceur de vivre.

Ronce ou velours

Si tes yeux voulaient bien, mi-refus, mi-prière,
Que mon pressant désir élise domicile,
Pour un soir, au mauve liseré de tes cils,
Je viendrais bien à bout de tes sages paupières. 

Je m’exaspèrerais de toutes tes manières
Et je m’éraflerais à ton rire indocile
Mais combien j’aimerais le chemin difficile
Qui mène à l’élysée de tes tendres lisières. 

Si tu voulais, demain, moins ronce, plus velours,
A l’entour de ta peau que je fasse ma cour,
Je te dirais les mots qu’on n’ose plus attendre ; 

Je te dirais bien sûr des mots qui n’ont plus cours ;
J’aimerais tellement tanguer dans tes méandres
Et, noyé dans ton cou, parler enfin d’amour. 

Les ombres

Il fallut attendre, encore attendre,
Dans ce matin parfumé de vents,
La montée de Phébus au midi
Pour voir s’en aller sur les champs alanguis
Les ombres longues des feuillus,
Ces ombres fluant à travers la forêt,
Semblables à celles de monstrueuses canisses.

Il fallut espérer, plus tard, les prémices
D’un soir limpide et paresseux,
Un de ces soirs où l’air n’est qu’haleine suave,
Pour voir distinctement, loin sous les arbres sombres,
Mille obliques jets de feu
Frôler les lits de feuilles ou d’épines
Et donner aux jonquilles leur lumière dorée.

Il fallut enfin compter sur l’obscurité,
Sur la nuit molle, vide et nue,
Pour voir leurs corps s’approcher, se serrer
Puis se défaire et leurs ombres danser
Parmi les ombres fugitives et changeantes :
Parade nuptiale de deux âmes jumelles,
Soupirs sous les branches, à la lisière du plaisir.

Revivivensce blanche

reviviscenceblanche.jpg

Ocre bleu

                                               Immobile,
                                     le ciel est couché,
                                               bleu comme un songe,
                                                           sur le toit. 

                                               Une alouette
                                                           y brosse
                                               une trace de nuage. 

                                   Sur le mur,
                                               ocre tranquille
                                                           où l’ombre se hasarde,
                                               lézardent
                                         quelques roses
                                    auprès du soupirail
                                               qui baille
                                          au coin de l’appentis. 

                                   Entre tuile et treille,
                                               furtive,
                                         une hirondelle
                                                           captive
                                               l’œil aigu du chat,
                                                           mi-clos,
                                               que les mouches agacent. 

                                   Un brin de brise
                                               apaise
                                   la pierre déjà brûlante
                                                     et marie
                                               la ronce à l’ortie. 

                                   Un vélo oublié,
                                               patient,
                                   près de la souche
                                                       s’enrouille. 

                                   Les broussailles
                                               comme braise ;
                                   à la croisée des poutres
                                                           le silence ;
                                               transparence fluide ;
                                               attente minérale. 

                                                           Un lézard s’escamote,
                                                           les roses lèchent l’ocre
                                                           et le soupirail la lumière. 

                                               L’ombre se lézarde…
                                                           et le chat dort. 

Résultats du sondage du 5 mars 2009

A la question « Participez-vous à des concours littéraires ? », 18 personnes ont voté.
11 personnes participent à 1 à 5 concours par an
  1 personne participe à 5 à 10 concours par an
  1 personne participe à 10 à 15 concours par an
  5 personnes ne participent à aucun concours
personne ne participe à plus de 15 concours par an.

Je pensais qu’il y aurait eu davantage d’accros aux concours…

Un nouveau sondage est en place… qui va sans aucun doute faire des mécontents !!!

Les gens de mon pays

Les gens de mon pays sont gens de conviction,
Ont l’amitié fidèle et cœur à l’unisson :
Point n’est besoin d’écrire ou signer de promesse ;
Quand parole est donnée, pas besoin de grand’ messe. 

Ouvriers, paysans, ils sont gens de fierté
Sachant manier l’outil avec égal respect
Pour labourer la terre et  cultiver ses fruits,
Pour creuser dans la glaise et enfanter leurs puits. 

Sur les plateaux ventés le sol ont sillonné,
De sueur et de pleurs l’humus ont irrigué ;
A main nue, exploités, ont dompté cette terre
Pour nourrir rois et gueux des arpents de misère. 

D’un sous-sol généreux ils ont extrait les gemmes
En labeur dangereux  côtoyant les extrêmes,
Ont fécondé la mine au cœur noir du charbon
Et transformé le fer par le feu du brandon. 

De montagne en vallée, ont asservi le flux
De la source et de l’eau pour tisser les écrus ;
Forêts ont abattu  pour étayer chaumières
Où le froid disputait leur rigueur aux hivers. 

Ont converti le sable en un précieux cristal
Où tintent les accents de leur parler jovial,
Entre Nord et Alsace, immigrants, vagabonds,
Sangs mêlés par la guerre, aujourd’hui compagnons. 

Les gens de mon pays ont l’âme généreuse
Quand ils font du terroir partager l’enjôleuse
Saveur accommodée au pot des traditions
Qu’ensemble ils ont tissées, avec cœur et passions. 

Du roc ils ont l’ardeur et du vent le courage,
Du bois ils ont le cœur et de l’acier la rage :
Trempés dans ton terroir par secrète alchimie,
Lorraine, ils ont puisé ta discrète énergie. 

Février  2003 

[1] Ce titre est emprunté à une chanson du  chanteur québécois Gilles Vigneault, croisé à l’aéroport Mirabel ( !) de Montréal il y a quelques années. 

Le texte peut se couler dans la mélodie de la chanson. 

En 2007, l’un de mes étudiants a prénommé sa fille « Lorraine » et m’a demandé s’il pouvait utiliser ce texte pour accompagner le faire-part de naissance. Quel honneur ! Un petit bonheur ! Merci Pierre. 

Guetteur de lisières

Je ne suis qu’un guetteur de lisières
            en équilibre toujours précaire
                        sur la frêle ligne imaginaire
                                   séparant l’ombre de la lumière. 

            Tantôt je titube dans l’impasse
                        des obscures nuits de folle angoisse
                                   et la peur du noir souvent me glace
                                               quand les grilles du soir tendent leurs nasses 

            Tantôt je me rassure à l’abri
                        de profondes forêts alanguies
                                   comme au ventre d’une mère endormie
                                               où, naguère, je me suis si peu blotti. 

                        Parfois, j’exulte de certitudes
                                   et mes faux scrupules se dénudent ;
                                               tout enfin s’éclaire, je prends de l’altitude,
                                                           je ne crains plus les soleils les plus rudes. 

                        Mais la plupart du temps je me brûle,
                                   papillon fragile et minuscule,
                                               aux feux des vérités qui me bousculent
                                                           et me rejettent dans ma bulle. 

Je ne suis qu’un guetteur de lisières,
            glissant du fugace à l’éphémère,
                        sur le front mauve
            où l’ombre et la lumière,
                        inlassablement,
                                   se font la guerre. 

Je ne suis qu’un guetteur de lisières
            qui trop souvent pleure misère
sur les rides voraces du temps qui passe, 

mais,
                        dans les reflets changeants de nos rivières,
                                   entre liserés et friselis,
                                               murmures et clapotis,
                                   du bout des doigts d’écume de la brume
                                               qui luit
                                   à la margelle des puits,
                        à fleur de peau,
                                   dans le frémissement des mots,
                        à la limite extrême
                                   de mon dernier poème,
            avec un frisson de fièvre au bord des lèvres…
                                    je sais                                                                                             
 que  je suivrai sans cesse la trace des espoirs                                             
            où souvent, pourtant, je me blesse,                                                      
            mais où toujours je persévère,
            pour qu’à l’aube d’un petit matin de grande liesse,
                        juste à la lisière de la tendresse,
                                   l’ombre fasse un peu de place
                                               à la lumière… 

Haïkus (1)

Tache à la dérive
Grise sur la neige blanche
L’ombre d’un nuage 

                  

Dans le bois de l’arbre
Jusqu’à l’ivresse du fruit
La sève se meut 

                  

Monde sans mémoire
Où l’ignoble avec les ans
Prend de l’esthétique 

                  

Les vagues s’en vont
Et s’en viennent sur l’épave
Qui rit à la mort 

                  

Vivre révolté
Et puis mourir indolent
Comme un arbre meurt 

                  

L’ombre du versant
Le négatif et le bas
L’image du froid 

                  

Les pleurs de la nuit
Sur les pousses du printemps
Comme une bonté 

Les parfums

Intarissables effluves,
évocations imprégnées,
fleurs, bouquets, jardins,
épices, gourmandises,
fruits, arbres, fôrets, essences rares,
gouttes, eaux, richesses distillées,
flacons, verres, cristals,
lumières irisées, oxygénées, reflets,
transparences, opalescences, couleurs,
mélanges, touches, extraits,
senteurs, santals, fragrances,
exhalaisons, quintessences,
présences, sillages, vertus,
respirations avec la peau,

les parfums sont tout cela
et quand il n’y en a qu’un seul
pour tout homme il est une femme.

Lorraine

Lorraine de mon enfance,
Terre nourricière
Dont je suis si fière,
Malgré toutes mes errances,
Tu restes mon espérance. 

De tant de guerres
Tu as beaucoup souffert !
Pourtant, paisibles sont tes paysages,
Merveilleux tes petits villages,
Modestes hameaux, purs joyaux
Nichés à flanc de coteau.
Je revois, à l’orée de la forêt,
Les vignes et les vergers
Gorgés d’arbres fruitiers :
Révélation pour le palais ! 

Ciel si pur des côtes de Meuse
Où la Meuse coule, sinueuse,
Loin d’être paresseuse,
Courageuse,
Comme paysans et vignerons
Installés dans tes vallons. 

C’est ici que je suis née…
Ô ma jeunesse ! Mon insouciance !
Que de réminiscences !
J’entends le clocher dans la vallée
Qui égrène le grand orémus
Des douze coups de l’angélus
Et je revois mon père,
Dos courbé, fatigué, éreinté… 

Magnifique tableau de Millet.
Le labeur terminé,
Papa priait. 

Maïté Petit

matpetit.jpg
« Le monde est fait pour aboutir à un beau livre ». Cette phrase de Mallarmé, j’ai un jour voulu la faire mienne… Il faut dire que, passionnée de musique et de littérature, j’ai eu la chance d’exercer durant de nombreuses années le beau métier de bibliothécaire et de chanter, en chorale, de grandes oeuvres classiques. A force de côtoyer la beauté et la poésie, j’ai fini par écrire moi-même quelques petits poèmes … Quelques concours plus tard, avec des résultats encourageants, ( 2ème prix du Rossignol au concours 2008 de la région Poitou-Charente- Vendée; médaille d’argent au prix De Graffigny 2008 à Lunéville,… ), j’ai fini par publier, en 2008, mon premier recueil  de poèmes intitulé : »Ame vagabonde dans un vent de liberté » . Cet événement dans ma vie m’a surtout permis d’ouvrir mes horizons grâce aux rencontres et échanges avec d’autres poètes  dans une très agréable convivialité. C’est là, pour moi, la plus merveilleuse des récompenses

Funambules

Nous sommes tous des funambules
            Sur corde raide ou corde lisse. 

L’un près de l’autre on déambule,
            On se regarde,
                        On est complice,
On aimerait ouvrir sa bulle
            Pour qu’un sourire enfin s’y glisse,
            Pour partager au crépuscule,
                        La même angoisse,
                        Le même supplice,
Ou quelques longs conciliabules :
            Des mots d’amour,
                        Des mots délices,
                                   Des souvenirs de campanules… 

Non, l’amitié n’est pas factice,
            Mais quand on se désarticule
Et que les autres se dévissent,
Il semble alors que tout bascule,
            On ne vit plus que d’artifices
                        Et la tendresse capitule… 

En attendant les temps propices,
            Nous restons seuls dans notre bulle
                        Au bord des bords
                              De nos abysses,
            A sangloter au crépuscule… 

                        Et l’espérance rapetisse… 

Simples fantômes somnambules,
            Les autres bulles s’évanouissent ;
Nous sommes tous des funambules
            Mais à chacun son précipice. 

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