Il fallut attendre, encore attendre,
Dans ce matin parfumé de vents,
La montée de Phébus au midi
Pour voir s’en aller sur les champs alanguis
Les ombres longues des feuillus,
Ces ombres fluant à travers la forêt,
Semblables à celles de monstrueuses canisses.
Il fallut espérer, plus tard, les prémices
D’un soir limpide et paresseux,
Un de ces soirs où l’air n’est qu’haleine suave,
Pour voir distinctement, loin sous les arbres sombres,
Mille obliques jets de feu
Frôler les lits de feuilles ou d’épines
Et donner aux jonquilles leur lumière dorée.
Il fallut enfin compter sur l’obscurité,
Sur la nuit molle, vide et nue,
Pour voir leurs corps s’approcher, se serrer
Puis se défaire et leurs ombres danser
Parmi les ombres fugitives et changeantes :
Parade nuptiale de deux âmes jumelles,
Soupirs sous les branches, à la lisière du plaisir.
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