Je ne suis qu’un guetteur de lisières
en équilibre toujours précaire
sur la frêle ligne imaginaire
séparant l’ombre de la lumière.
Tantôt je titube dans l’impasse
des obscures nuits de folle angoisse
et la peur du noir souvent me glace
quand les grilles du soir tendent leurs nasses
Tantôt je me rassure à l’abri
de profondes forêts alanguies
comme au ventre d’une mère endormie
où, naguère, je me suis si peu blotti.
Parfois, j’exulte de certitudes
et mes faux scrupules se dénudent ;
tout enfin s’éclaire, je prends de l’altitude,
je ne crains plus les soleils les plus rudes.
Mais la plupart du temps je me brûle,
papillon fragile et minuscule,
aux feux des vérités qui me bousculent
et me rejettent dans ma bulle.
Je ne suis qu’un guetteur de lisières,
glissant du fugace à l’éphémère,
sur le front mauve
où l’ombre et la lumière,
inlassablement,
se font la guerre.
Je ne suis qu’un guetteur de lisières
qui trop souvent pleure misère
sur les rides voraces du temps qui passe,
mais,
dans les reflets changeants de nos rivières,
entre liserés et friselis,
murmures et clapotis,
du bout des doigts d’écume de la brume
qui luit
à la margelle des puits,
à fleur de peau,
dans le frémissement des mots,
à la limite extrême
de mon dernier poème,
avec un frisson de fièvre au bord des lèvres…
je sais
que je suivrai sans cesse la trace des espoirs
où souvent, pourtant, je me blesse,
mais où toujours je persévère,
pour qu’à l’aube d’un petit matin de grande liesse,
juste à la lisière de la tendresse,
l’ombre fasse un peu de place
à la lumière…
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