Bruges

Lentement les canaux, épais et monotones,
Traînent leur encre lourde où s’enlise le soir.
L’eau morne se balance et le passant s’étonne
D’une ultime lueur au fond de ce miroir.
Une timide lune, languide, s’abandonne
            Contre les quais tout noirs. 

            Un vieux marin marmonne.
            C’est Bruges la noire. 

Des rideaux de dentelle, aux confins de la bruine,
Habillent de pâles rêves un matin de dimanche.
Au beffroi carillonnent trois notes cristallines.
Une péniche obèse, en balançant ses hanches,
Salue quelques colverts, tandis que s’achemine
            La fin d’une nuit blanche. 

            Un vieux pont s’embéguine.
            C’est Bruges la blanche. 

Les ailes des moulins gribouillent de la brume
Sur les clochers frileux qui coiffent les églises.
Une calèche passe, un réverbère allume
Une ombre de cheval sur les pavés qui luisent.
Déjà le crépuscule enfile son costume
            Au coin des rues si grises. 

            Un vieux cocher s’enrhume.
            C’est Bruges la grise. 

Des rideaux de dentelle tracent dans un miroir
Une ombre de cheval où s’enlise le soir… 

Les ailes des moulins, qui balancent des hanches,
Habillent d’une calèche un matin de dimanche… 

Lentement les canaux, où flottent les églises,
Gribouillent de la brume sur les pavés qui luisent. 

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