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Archive journalière du 27 mar 2009

Avril

Au sortir de l’hiver, alors que le printemps
Pressé de s’installer s’était montré précoce,
La pluie inaugura le changement de temps
Et le vent rugissant se déchaîna, féroce. 

Mais dès le premier jour, ce mois capricieux
Présenta son aspect le plus irrésistible :
Son amour de la farce et du facétieux
Dans l’accomplissement d’un rite irréductible. 

Les averses de mars ont déclaré forfait ;
Le soleil courageux perce à l’aube la brume
Et le chant des oiseaux dans un accord parfait
S’élève dans les airs, léger comme une plume. 

Mais il ne faudra pas se découvrir d’un fil
Avant que ne s’en aille, avec la bise rude,
La dernière gelée, ô funeste péril !
Pour les arbres en fleurs malgré l’incertitude. 

Paisible

Un silence apaise jusqu’à l’âme d’une agitation qui ne pèse plus, un répit abandonné à la tranquillité s’attache à la réalité continûment d’un repos…

Ne pas déranger sa paix.

Bruges

Lentement les canaux, épais et monotones,
Traînent leur encre lourde où s’enlise le soir.
L’eau morne se balance et le passant s’étonne
D’une ultime lueur au fond de ce miroir.
Une timide lune, languide, s’abandonne
            Contre les quais tout noirs. 

            Un vieux marin marmonne.
            C’est Bruges la noire. 

Des rideaux de dentelle, aux confins de la bruine,
Habillent de pâles rêves un matin de dimanche.
Au beffroi carillonnent trois notes cristallines.
Une péniche obèse, en balançant ses hanches,
Salue quelques colverts, tandis que s’achemine
            La fin d’une nuit blanche. 

            Un vieux pont s’embéguine.
            C’est Bruges la blanche. 

Les ailes des moulins gribouillent de la brume
Sur les clochers frileux qui coiffent les églises.
Une calèche passe, un réverbère allume
Une ombre de cheval sur les pavés qui luisent.
Déjà le crépuscule enfile son costume
            Au coin des rues si grises. 

            Un vieux cocher s’enrhume.
            C’est Bruges la grise. 

Des rideaux de dentelle tracent dans un miroir
Une ombre de cheval où s’enlise le soir… 

Les ailes des moulins, qui balancent des hanches,
Habillent d’une calèche un matin de dimanche… 

Lentement les canaux, où flottent les églises,
Gribouillent de la brume sur les pavés qui luisent. 

Riche et pauvre

          << Parfois pour mieux se protéger,
  la vérité a besoin de beaucoup de mensonges. >> 

Riche à donner la mort, pauvre à donner la vie,
Qui peut suivre demain cet infâme bretteur ?
Plonger dans le combat auquel il nous convie ?
Se croire aux yeux du monde un guerrier salvateur ? 

Prêcher dans le désert, plus rien ne l’en dévie :
Riche à donner la mort, pauvre à donner la vie,
Moderne templier, quel étrange pasteur
Pense offrir à l’Irak un futur prometteur ? 

Sa trompeuse vertu demeure inassouvie :
Sous prétexte d’exclure un cruel dictateur
Riche à donner la mort, pauvre à donner la vie,
Il œuvre aux vœux d’un clan : signe révélateur. 

Englué dans la haine, un mal que nul n’envie,
Préparant au grand jour un flot dévastateur,
Le Texan se transforme en horrible vecteur
Riche à donner la mort, pauvre à donner la vie. 

Une femme

Elle rêve, lascive, ardente originale,
A cette phase ultime, intangible moment,
De sentir tout son corps frémir intensément,
Béni d’un flux d’amour, l’offrande séminale. 

Au jardin de son cœur, seul parfum qu’elle inhale,
Le bonheur désiré vit sous un ciel clément ;
Ce fruit pur de sa chair annonce clairement
Son besoin d’assouvir une faim matinale. 

- Tel un hymne subtil, l’appel du nourrisson
Dans l’âme maternelle inspire un doux frisson ! -
Elle œuvre au divin philtre en la source ivoirine, 

Par une longue étreinte où l’enfant se complaît
Le rassure, s’assoit, tend son ample poitrine
Et donne à ce bel ange un sein gonflé de lait. 




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