Quand le printemps fleurit les arbres de la ville,
Dans les cours des prisons toujours gris sont les murs
Et le vent, chaque soir, sème les chants obscurs
Des hommes en colère au fond de cet asile.
Lorsqu’à l’aube l’oiseau nous siffle son refrain,
Dans un lit d’hôpital une femme agonise,
Et malgré la douleur, son âme s’éternise
Au bord de cette rive où s’ancre son chagrin.
Alors qu’un papillon, dans sa métamorphose,
Réunit dans l’instant la grâce et la beauté,
Un enfant doit subir laideur et cruauté
Sous le corps d’un pervers dans une chambre close.
À l’heure où le soleil épouse l’océan,
Tout un peuple se lève au son de la torture,
Car au cœur du conflit contre la dictature,
La fleur de l’innocence est couverte de sang.
Il faut chanter pour eux l’espoir d’une autre vie,
Oublier nos tourments, ne serait-ce qu’un jour ;
Il faut écrire aussi des poèmes d’amour
Et donner à nos mots le poids de leur survie.
(Extrait du recueil « Rouge et Noir Eden »)
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