- Accueil
- > Archives pour le Mercredi 11 mars 2009
Archive journalière du 11 mar 2009
Dirais-je ma douleur en ce printemps d’hiver ?
Battez tocsins ! Hurlez sirènes !
Tes feux sont morts, pauvre Lorraine !
Dirais-je ma douleur, de Senelle à
La Chiers ?
Ainsi l’âme du fer qui bouillait dans tes veines
Pleure chez-nous ses serviteurs ;
Et c’est sans haine en son malheur
Qu’elle s’en va, bannie, aux rives souterraines.
Adieu Longwy, adieu chaudes vierges d’Ebène,
Gardiennes des derniers labeurs
Où le geste a les mots du cœur !
L’avenir en ton nom garde
la Souveraine !
Dirais-je mes espoirs au milieu du désert ?
Tout est vivant, verte Lorraine !
L’homme debout fondra les chaînes
En reparlant d’Amour, de Senelle à
La Chiers !
« Les feux d’Eden »
Texte écrit lors des grandes grèves qui ont suivi l’annonce du plan acier
Quand le printemps fleurit les arbres de la ville,
Dans les cours des prisons toujours gris sont les murs
Et le vent, chaque soir, sème les chants obscurs
Des hommes en colère au fond de cet asile.
Lorsqu’à l’aube l’oiseau nous siffle son refrain,
Dans un lit d’hôpital une femme agonise,
Et malgré la douleur, son âme s’éternise
Au bord de cette rive où s’ancre son chagrin.
Alors qu’un papillon, dans sa métamorphose,
Réunit dans l’instant la grâce et la beauté,
Un enfant doit subir laideur et cruauté
Sous le corps d’un pervers dans une chambre close.
À l’heure où le soleil épouse l’océan,
Tout un peuple se lève au son de la torture,
Car au cœur du conflit contre la dictature,
La fleur de l’innocence est couverte de sang.
Il faut chanter pour eux l’espoir d’une autre vie,
Oublier nos tourments, ne serait-ce qu’un jour ;
Il faut écrire aussi des poèmes d’amour
Et donner à nos mots le poids de leur survie.
(Extrait du recueil « Rouge et Noir Eden »)
Quand le cri d’un enfant qu’on outrage en silence
Ne couvre pas les pleurs d’une femme qui fuit
L’ombre folle d’un homme ivre de violence,
Je danse avec les mots suspendus dans la nuit.
Une image, à l’écran, de la misère humaine
Aux quatre coins du monde accompagne, le soir,
Mon repas ; néanmoins mon regard se promène
Au gré des faits divers quotidiens sans rien voir.
Lorsque la terre tremble à l’autre bout du globe
Ou qu’un volcan s’éveille, où suis-je dans mon cœur
Pour entendre les vers que la musique enrobe,
Point les gémissements des témoins de l’horreur ?
Et si mon fils, un jour, me confie un problème,
Aurai-je encore un œil, une oreille à donner
Pour l’écouter vraiment, sans penser au poème
Que j’écris dans ma tête au petit déjeuner ?
Ceux que j’aime ont parfois le sentiment de n’être
À mes côtés que vent, sans projet d’avenir ;
Pourtant je n’aurais plus, sans eux, qu’à disparaître
Dans l’espoir que la mort sache nous réunir.
(Extrait du recueil « Rouge et Noir Eden »).