La pluie

La ville ce matin s’est réveillée en pleurs.
Quelques heures plus tôt, la lune était partie
Vers d’autres horizons, par la brise avertie
D’un orage imminent sur les balcons en fleurs. 

Face à la violence à peine retenue
Des vents presque mauvais dans ce décor plombé,
Accablé de chagrin le ciel a succombé,
Et des larmes de verre ont mouillé l’avenue. 

Dans la pâleur de l’aube elles coulent toujours,
Laissant sur le carreau des traces cristallines,
Comme un code secret de lettres sibyllines,
Anagramme annonçant la fin de mes amours. 

Moi, si j’étais la pluie, avec délicatesse
Je me déposerais sur l’or de tes cheveux
Et m’en irais mourir, au son de tes aveux,
Sur ta bouche aux côtés d’un soupir de tristesse. 

(Extrait du recueil « Amours multiples »). 

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