Tout au long, je l’écoute,
En mon vertige déniaisé, il m’envoûte.
Le chanteur parfois ne chante plus,
Il valse, il articule, il vibre, il jazze
Et même, il gueule sa poésie et sa fureur,
Sa peine et sa révolte qui embrasent ses phrases.
Il va et vient de Pépée, l’chimpanzé assassiné,
Aux pépées qui s’cramponnent au pavé,
Des poètes qui chlinguent d’la tête et des pieds,
Aux enfants, aux artistes, aux mecs et aux chiens
Sur les trottoirs glacés des bistrots parisiens.
Poète-musicien, poète,
Un piano dans l’idée, dans l’regard et la voix,
Il aime les beatniks et les guillotinés,
Les romantiques, les étrangers, les Espagnols
Et sa musique, diable ! sa musique est bonne ;
Quelquefois, elle s’envole, symphonique.
Il y fout la mer et la mort qui meurt,
L’anarchie et la solitude qui s’rock and rollisent,
L’amour accoudé au temps qui passe, cruel,
Et ses refus, ouais, ses refus qu’il mélancolise, mam’zelle.
Il est l’inventeur, l’inventeur verbal génial,
Charriant des chouettes torrents de mots,
Des harangues violentes et sacrées
Dedans des gerbes de notes qui tanguent,
Des mots bien rangés
Dans le chargeur d’alexandrins de son âme verticale,
Des mots qu’il expulse soudain comme des balles
D’un fusil-mitrailleur qu’il tient entre ses dents.
Avec tes longs cheveux, blancs comm’ l’hiver,
T’as mis les voiles un matin pour l’désert,
Me laissant crécher ici, tout seul, dans ton univers.
Eh ! Monsieur Léo, tu n’es pas mort,
Sur mon vieux phono, tu gueules encore !
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