A mes parents
Je sais des jeunes chênes déracinés
Par les orages de la guerre,
La terreur de chaque instant
Devant le tribut suprême au calice allemand
Et tous ces sentiments
Plantés au coeur d’adolescent,
Effroyables et fous.
À dix-sept ans,
Une âme mutilée en suspension.
Je sais des jeunes chênes déracinés
Par les coups de vent des droits chemins,
Par les croyances, les vertus,
Les entraves des jours laborieux,
Par les brûlures d’un inique purgatoire
Et l’assurance du ciel, plus tard.
Et puis, le cancer, tel un tonnerre…
La rémission, l’espoir né, illusoire…
Le cancer, encore, plus fort…
Vinrent alors
Les jeunes morts.
Il en va des hommes comme des oiseaux
Aux heures livides de la nuit
Qui s’en vont,
Laissant le vide dans leur nid,
Les remords aussi
De ne les pas avoir regardé vivre
Ou seulement vu voler.
Je sais des jeunes chênes renversés,
Racines vers les nues, branches devenues,
Buvant leur sève clandestine
À la céleste rosée
Et s’efforçant, je le devine,
De me nourrir encore.
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