La dernière coulée

Courbé sur ses pas lents, musette en bandoulière,
Par un beau soir d’été, larmoyant, ténébreux,
Quarante ans, l’âge d’or, et soudain déjà vieux,
Il sait que c’est la fin, et il fuit la lumière. 

A la maison ce soir autour de la soupière,
Que de douleurs encore en regards silencieux !
Le chemin du retour est long et tortueux
Et répète, cruel : « C’était bien la dernière ! ». 

Il portait simplement en lui comme promesse,
En fermant les volets sur les jours de labeur,
L’usine dans les yeux, son fourneau dans le coeur. 

Le présent s’est figé sur la lourde détresse
Qu’une ultime coulée offre au premier fondeur
Et la nuit, cette fois, installe la froideur.

(Extrait du recueil Les feux d’Eden

 

0 Réponses à “La dernière coulée”


Les commentaires sont fermés pour l'instant.



alfalsafa |
NIDISH EDITIONS : Contes - ... |
La Moire d'Ohrid |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Elle-Emoi
| Poèmes, Amour et Société
| Ned La Desosseuse