J’entendis par le soir en dépassant Bourène,
Sur le chemin filant vers les cités du feu,
L’horizon des champs roux et des bois ténébreux
Craindre l’épaisse nuit tombant sur la Lorraine.
La terre bavardait comme l’eau des fontaines,
Mais d’une voix muée aux accents douloureux
Sans jamais épuiser le livre fabuleux
Ouvert au plus profond du ventre de la plaine.
Quel secret menaçant somnolait en ces lieux,
Quelle mort, quels départs, quelles terribles chaînes
Rendaient donc tous ces mots lourdement silencieux ?
Et le couchant rougeâtre, à pas cérémonieux,
S’éteignit lentement sur des craintes lointaines
Qu’en ce pays mon coeur élevait jusqu’à Dieu.
(Extrait du recueil Les Feux d’Eden)
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