En tourbillons épais, tombent les flocons blancs
Qui font naître les jeux et rire les enfants,
Le visage et les mains refroidis par la neige,
Le corps emmitouflé dans une cape beige.
Ils boivent goulûment l’élixir de jeunesse
Qui magnifie la vie et leur donne l’ivresse
D’un permanent « Toujours », – gage d’Eternité -,
D’un sentiment d’amour et de félicité.
A l’hiver, cependant, succède le printemps
Qui secoue, d’un pas lent, la pendule du temps.
Le sol désengourdi s’ébroue et se réveille
Quand son ventre fécond engendre une merveille.
La nature, d’instinct, dans sa beauté s’impose
Quand paraît le moment de la métamorphose
Des tendres jouvenceaux, gauches et tout gênés
Par le soudain émoi de désirs effrénés.
L’adolescence, en fleur, exprime alors sa grâce
Tout pendant que l’été se prépare une place.
La sève, en bouillonnant, alimente les fruits
Et nourrit la vigueur des jeunes gens séduits.
Les branches des fruitiers, dans leur verte couleur,
Se gorgent de la vie, mûries par la chaleur
D’un soleil bienveillant aux rayons éclatants.
Les enfants de l’hiver sont devenus parents.
Ils oeuvrent au labeur et sèment l’avenir
Pour les générations qui seront à venir
Afin de leur offrir, comme juste héritage,
La nature jolie et le bien en partage.
Mais l’horizon, déjà, se voile de l’automne.
Si rapide est le temps que chacun s’en étonne.
Sur la pointe des pieds, les anciens se retirent
Quand leurs souffles derniers, dans le silence, expirent.
Puis, les feuilles flétries jaunissent et rougeoient,
Les arbres dévastés se décharnent et ploient
Sous le joug épousé du rythme de la vie.
Epuisés, les aïeux n’éprouvent plus d’envie.
Assis dans leur fauteuil, ils se sentent harassés
Sous le fardeau des ans, fugacement passés,
Mais “prêts” quand vient l’instant – celui des abandons -
De se fondre à la terre et s’unir aux saisons.